Réagissant à l’afflux de clandestins dans l’enclave espagnole de Ceuta au Maroc, le vice-président de la Commission européenne a lâché cette petite phrase. Malheureusement, les faits lui donnent rarement raison : l’Union européenne s’illustre souvent par une faiblesse de caractère face aux puissances agressives qui éprouvent ses failles.
Interrogé à la radio publique espagnole, le rodomont Margaritis Schinas a fanfaronné de façon quelque peu irréfléchie. L’Union européenne est en fait assez faible face à ceux qui la testent pour estimer sa force de réaction.
Pas intimidés face aux leaders autoritaires !
On se souvient assez récemment du « Sofagate » : reçus par Erdogan, Charles Michel et Ursula von der Leyen réalisent rapidement qu’une seule chaise a été prévue pour eux deux. Pas ému pour un sou, le président du Conseil européen s’assoit sans piper mot ; après un « hem » en guise de vigoureuse protestation diplomatique, la présidente de la Commission européenne prend place sur un canapé à l’écart des deux hommes.

Face à l’évident rapport de forces instauré par le président turc sur le mode « vous suivez mes codes et j’ignore totalement les vôtres » (un classique éculé pour montrer ses muscles en diplomatie), l’Union européenne qui ne se laisse intimider par personne a eu l’air assez intimidée.
Mais c’est une habitude parmi les pontes non élus de l’UE que de se laisser intimider par Erdogan : manœuvres contre une frégate française en Méditerranée, incursions sur le territoire souverain grec dans les airs et par la mer n’ont pas déclenché de réactions notables ces derniers mois. Pour éviter d’avoir l’air faible, la stratégie adoptée est souvent celle de l’aveugle : on fait semblant de ne pas voir en espérant que cela s’arrêtera. Et on attend toujours « les points sur les i » promis par Florence Parly.
Face à d’autres dirigeants autoritaires, l’UE adopte un comportement assez similaire : autocensure sur l’origine chinoise du coronavirus pour apaiser l’ire de Pékin, tétanie face à Moscou lors de l’épisode ukrainien, renoncements vis-à-vis du Royaume-Uni durant le Brexit… La liste exhaustive des actes de bravoure d’une Union européenne prendrait trop de place.
Pas intimidée pour twitter !
En fait, l’UE montre toute l’étendue de sa force sur Twitter. Silence ou protestations mollassonnes en face à face, mais déclarations martiales sur le réseau social américain : « nous ne nous laisserons pas intimider », etc.
On pourrait s’interroger sur l’emploi très fréquent de cette notion d’intimidation qui tend à indiquer que l’UE côtoie mentalement ce concept de façon récurrente, bien plus que ses adversaires économiques, diplomatiques et militaires, auxquels elle déroule le tapis rouge de son silence..
En fait, on voit plus souvent l’UE apeurée, se faisant dicter sa conduite par des intérêts financiers et des leaders plus autoritaires qu’elle, qu’une Europe ferme dans ses positions et dotée de cette « force tranquille » toute mitterrandienne.
Les dernières rodomontades de M. Schinas sont un énième écran de fumée destiné à masquer l’incurie totale de l’UE. C’est parce que les forces géopolitiques en mouvement dans le monde l’intimident systématiquement que ses adversaires se permettent de la tester si frontalement. Tous savent qu’ils n’ont guère à craindre de plus que quelques gels d’avoir ou une désapprobation publiée sur Twitter.