Précarité menstruelle et précarité alimentaire : femmes et hommes, tous victimes ?

De nombreuses féministes françaises ont eu raison d’attirer l’attention du public sur le sujet important de la « précarité menstruelle« . Ce débat devrait servir d’exemple pour mener celui, tout aussi essentiel, de la précarité alimentaire des humains de sexe masculin. Explications.

La précarité menstruelle pour les femmes…

Irène Vrose, féministe parisienne, montre « un aperçu de ce qu’il se passera si les personnes menstruées décident de ne plus payer leurs protections hygiéniques. » Et « elle ne fait pas ça pour s’amuser ». (source : Cosmopolitan)

D’après Wikipedia, la précarité menstruelle est « la difficulté ou manque d’accès des personnes réglées aux protections hygiéniques par pauvreté« . La Fédération internationale de Gynécologie et d’obstétrique estime que 500 millions de femmes dans le monde sont en situation de précarité menstruelle (voir ici). Ce phénomène touche des pays pauvres bien sûr ; mais on sait grâce à une frange du mouvement féministe que la précarité menstruelle frappe aussi de plein fouet des femmes vivant dans des pays aisés comme la France.

Parmi elles, plusieurs se disent touchées en particulier par la précarité menstruelle. Elles sont « révoltées par le prix des tampons« , et elles ont raison : à 5 euros en moyenne la boîte de 32 tampons, la dépense représente selon le Nouvel Obs « une fortune quand on la rapporte à l’année« . 5 euros par mois, c’est par exemple le prix d’un kebab, de 25 cL de bière à Paris, ou d’un demi-paquet de cigarettes. L’économie est donc significative : une étudiante en situation de précarité menstruelle ne peut pas aller boire un seul verre avec ses amis dans le mois.

La vigilance de ces militantes a pointé le doigt sur l’inégalité latente de la biologie, mère de tous les réacs. Celle-ci s’en prend même aux hommes, victimes eux de précarité alimentaire.

… et la précarité alimentaire pour les hommes

Les hommes français passent en moyenne 56 jours de plus à table que les femmes françaises sur toute une vie !

D’après l’Organisation mondiale de la santé, un homme doit consommer environ 2 500 kilocalories (kcal) par jour, contre 2 000 kcal/jour pour une femme. Soit un différentiel de 500 kcal assumé financièrement par les hommes ! Chaque jour, les hommes doivent donc ingérer l’équivalent d’un petit repas supplémentaire : des lasagnes au saumon, un plat de côtelettes, ou encore du riz au poisson par exemple.

Cette inégalité insupportable a un prix encore plus élevé que celui de la précarité menstruelle : entre 1 et 3 € par jour, soit une charge fixe mensuelle supplémentaire de… 30 à 90 € ! Les hommes étant moins bien organisés que les femmes, on ne voit poindre aucun mouvement dédié à l’animation du débat public sur ce sujet pourtant prioritaire qu’est la précarité alimentaire pour les hommes. Et le gouvernement ne fait montre d’aucune proactivité en la matière !

… qui passent donc plus de temps à table

Autre conséquence de cette précarité alimentaire : le temps passé à table. D’après des données publiées par l’OCDE en 2018, les Français passent donc 3 minutes de plus chaque jour à se sustenter pour subvenir à leurs besoins métaboliques que les Françaises. Sur toute une vie de 75 ans, cela représente 1 350 h, soit… plus de 56 jours ! L’écart est nettement supérieur en Chine ou en Grèce : respectivement 13 minutes et 8 minutes supplémentaires chaque jour, soit 243 et 150 jours.

Le coût en termes de productivité est énorme ; le préjudice sur la vie personnelle l’est tout autant. Espérons que parmi les nombreux mouvements à vocation universaliste, certains auront le courage d’imposer ce sujet dans le débat public. Cette précarité alimentaire n’a que trop duré !