Les propos de l’ancienne porte-parole de La France Insoumise sur BFMTV démontrent une fois de plus le déclin politique et moral du parti de Jean-Luc Mélenchon.L’arrière-saison est bien là.
Capture d’écran BFM TV
Novembre 2021. L’attention médiatique est partagée : six ans après, on commémore les attentats du 13 novembre 2015 (130 morts) ; on couvre simultanément le procès de ces attentats, toujours en cours ; enfin, Éric Zemmour, candidat putatif à l’élection présidentielle de 2022, obnubile bon nombre de médias, qu’ils soient critiques ou laudatifs.
Cité au procès comme témoin le 10 novembre, l’ancien Président de la République François Hollande déclare : « Nous savions qu’il y avait des opérations qui se préparaient, des individus qui se mêlaient aux flux de réfugiés, des chefs en Syrie. Nous savions tout cela. » Une occasion en or pour Zemmour, qui attaque frontalement deux jours plus tard : « L’ancien président de la République a dit lui-même qu’il savait que des terroristes seraient infiltrés parmi les migrants et il n’a pas arrêté le flot des migrants (…). Donc François Hollande n’a pas protégé les Français et a pris une décision criminelle de laisser les frontières ouvertes.«
Des propos surprenants…
Invitée sur BFMTV le 14 novembre, Raquel Garrido critique les accusations de Zemmour et tient des propos surprenants : « C’est […] indécent. On est quand même dans un processus judiciaire, un processus de réparation, qui est une modalité pacifique dans une civilisation, bin, civilisée » (sic).
Pour l’ancienne avocate de Jean-Luc Mélenchon, les familles des victimes « ont fait des efforts incommensurables pour participer au procès, pour trouver en eux la force […] de trouver le chemin vers la réconciliation, y compris avec les terroristes eux-mêmes, et les personnes qui sont poursuivies« .
On aimerait entendre sur ce point les familles des victimes elles-mêmes.
… issus d’un humanisme chrétien dévoyé
Les observateurs de la vie politique française ne seront pas surpris par de telles déclarations de la part d’une personne issue du sérail politique de Mélenchon. Tenté de voir dans les électeurs musulmans le nouveau prolétariat exploité par la laïcité à la française, LFI et ses affidés n’hésitent pas à effectuer des déclarations choquantes, mélange de cynisme clientéliste et d’humanisme chrétien dévoyé. Difficile de croire aux propos de Mélenchon affirmant que son parti « n’est pas islamo-gauchiste« , lui qui joue régulièrement sur la victimisation des musulmans.
Les commentaires de Raquel Garrido sont en fait le simple reflet d’un courant d’idées paternaliste et idéaliste, dans lequel la réconciliation avec son prochain est un objectif naturellement partagé par tous, la France comme ceux qui s’en proclament les ennemis. Selon elle, la justice n’a pas pour but de rendre la justice mais de « réparer » de façon « pacifique ». Et Mme Garrido est persuadée que le monde entier a la même de grille de lecture qu’elle : « Faites l’amour, pas la guerre« .
C’est l’automne !
Finalement, ce petit buzz nous donne à voir un paysage classique d’arrière-saison : Jean-Luc Mélenchon est l’herbe envahissante qui empêche les jeunes pousses LFI de grandir ; Éric Zemmour est le chêne jaunissant solidement enraciné dans ses convictions tranchées ; enfin, Raquel Garrido démontre une fois de plus que l’automne est bel et bien la saison de la chute des glands.
Un article publié également sur Causeur.fr : cliquez ici.
Dans environ 7 mois, les Français auront élu leur nouveau Président. Macron se succédera-t-il à lui-même ? Éric Zemmour ira-t-il loin s’il se présente ? Les partis classiques (LR, PS, etc.) vont-ils renouer avec leur lustre d’antan ? Quelles sont les chances de LFI et du RN ? Libres Paroles a demandé son pronostic à un voyant réputé !
A pair of male hands surrounding a crystal ball conjuring up a hologram on an isolated dark studio background (istockphoto)
Zemmour, l’inquiétant trublion ?
Ses livres se vendent comme des petits pains, il a fait exploser l’audimat de CNews, ses conférences et dédicaces attirent un large public, les sondages démontrent son fort soutien populaire : Éric Zemmour sera sans nul doute un acteur de taille s’il se lance dans l’arène.
S’il vise le titre suprême, l’intellectuel devra cependant conquérir un électorat LR pas toujours acquis à sa vision apocalyptique et un brin paranoïaque de la France. Il devra aussi passer du statut de chauffeur de salle à celui de candidat crédible : avoir un programme cohérent et s’entourer de personnalités expérimentées sera indispensable.
Si Zemmour est candidat, il va évidemment constituer une grande inquiétude pour les autres partis, car tout indique que contrairement à eux, il parle vraiment de ce qui intéresse les Français. Les autres candidats le savent déjà : il est aujourd’hui le seul à créer un tel engouement autour de ses idées et de sa personne.
Il devra donc faire face à des embûches sorties de nulle part et destinées à le disqualifier : affaire de viol/harcèlement/adultère (très à la mode), mauvaise déclaration de patrimoine (toujours efficace), loi rédigée à son intention pour lui interdire de concourir en raison de condamnations judiciaires (déjà évoquée), exhumation d’articles immatures écrits à 16 ans, voire menaces plus directes.
Le vent lui sera bien sûr contraire : articles médiatiques à charge, attaques en dessous de la ceinture… Une sorte de remake vaseux de Fillon 2017 en perspective !
Pronostic : échouera aux portes du second tour et deviendra un faiseur de rois à droite. S’il survit aux coups déloyaux, aura préparé 2027 avec sérieux. Un second tour par miracle ? Il aurait alors de sérieuses chances d’être élu Président.
Macron : plat réchauffé
Comme en 2017, on peut s’attendre à un Emmanuel Macron racoleur et charmeur, organisant sa campagne autour de sa personne. Lui qui voit la politique comme un simple produit à vendre à des électeurs-consommateurs va multiplier les séquences et déclarations contradictoires pour plaire à tous, sans finalement enthousiasmer personne au-delà d’un éventuel électorat de trentenaires bobos urbains. Un produit sans personnalité mais vaguement adapté à chaque public : un peu pour les jeunes, un peu pour les boomers, pour le gauchiste, et aussi pour le droitard. Quelques déclarations martiales pour dragouiller les électeurs LR, des promesses de chèques et d’assistanat pour plaire à gauche.
Pour subtiliser quelques voix à LFI, Macron ajoutera à son plat réchauffé de fortes déclarations destinées à ceux qui ont une vision communautariste de la société française. Enfin, pour contrer Marine Le Pen (qu’il essaye d’ériger par tous les moyens en adversaire majeure depuis des mois, sûr qu’il est de gagner en duel), on peut s’attendre à la carte « fascisme » et à la rhétorique de la ridiculisation (« Moi, j’ai régné, moi. Vous, vous ne savez pas ce que c’est, évidemment ! »).
La stratégie devrait être claire : LREM et les gouvernements 2017-2022 seront sans doute une soupape utile pour endosser la responsabilité de certains échecs de son quinquennat. Macron enverra ses cadres tancer les adversaires menaçants (MLP sans doute, Zemmour s’il se présente) pour garder une certaine hauteur « jupitérienne » et ne pas se salir.
Pronostic : présence au second tour, probable réélection par défaut comme en 2017.
LR : chevaux hors course
Le sort de LR semble clair. Un candidat peinant à rassembler en interne et devant incarner un parti qui fait rarement ce qu’il avait promis une fois au pouvoir, qui surfera tristement sur une vaguelette d’enthousiasme tiède. Une part de marché réduite à quelques jeunes BCBG et des boomers encore nostalgiques de Sarkozy.
Trop divisé, ce parti va envoyer au turbin un candidat sans charisme, qui va lorgner plus ou moins du côté du RN en nous gratifiant de quelques rodomontades sur l’immigration, la sécurité, et l’identité. Barnier, Pécresse et Bertrand notamment ont déjà commencé le show.
Pronostic : échec au premier tour, crise en interne, voire scission possible entre tenants d’une aile plutôt LREM et partisans d’une ligne plus « RN/Zemmour-compatible ».
La gauche trop divisée
Les différentes sensibilités de gauche (LFI, EELV, PS) ont chacune choisi un candidat… et devront se partager les voix en conséquence. Leur éclatement et leur incapacité à s’unir leur coûteront une présence au second tour. Le PS est inaudible et Hidalgo souffre de son triste bilan parisien ; LFI est divisée en interne et le despote Mélenchon fera du lèche-babouches en espérant un important vote communautaire ; EELV fera un score honorable avec un Jadot plus modéré que sa consoeur, la sorcière écolo-dingo Sandrine Rousseau. Une modération qui sera toutefois aussi son handicap pour les plus plus éminents « progressistes » de la société.
Pronostic : score faiblard pour le PS, LFI en baisse par rapport à 2017. Aucun candidat présent au second tour. EELV s’affirme comme un parti plus puissant à gauche si Jadot ne rate pas sa campagne et enfile le costume efficacement.
RN : pas de second tour ?
Le RN subit Marine Le Pen depuis trop longtemps déjà. L’inaudibilité de cette dernière et son échec en 2017 seront de graves handicaps, en plus d’une fuite éventuelle d’électeurs tentés par Zemmour ou encore Dupont-Aignan. Enfin, un nombre croissant d’électeurs RN doutent de plus en plus de sa capacité à gagner.
Les électeurs voulant exprimer un rejet en votant pour elle hésiteront au vu d’un programme économique dangereux et de ce manque de leadership. Tant mieux, car MLP est une rentière de l’opposition. C’est peut-être là sa posture idéale.
Pronostic : moins bon score qu’en 2017. Présence (et défaite en finale) au second tour très probable. Attention au Zemmour arrivant à toute blinde dans le rétroviseur : il pourrait gratter la seconde place (s’il se présente). Montée en puissance des jeunes loups du RN après l’élection, ou départ d’une partie des cadres.
Conclusion : Macron jusqu’à l’indigestion
Le grand gagnant sera donc le candidat archétypal du système, Emmanuel Macron. Peu importe le manque d’adhésion et les modalités : il devrait être élu à défaut de mieux, sans que quiconque ne croie réellement à ses diatribes et belles promesses. Gauche et droite, par leurs divisions et leur incapacité à se renouveler et donc à séduire, semblent rouler pour lui et lui faciliter le chemin.
Attention toutefois à Zemmour, s’il est candidat et franchit les obstacles qui ne manqueront pas d’apparaître comme par magie !
Résultat pour les Français : bis repetita dans la morosité. On a ce qu’on mérite : d’un pays de consommateurs peu cultivés ne peut pas émerger une offre politique de haut niveau.