Après la défaite française en finale de la Coupe du monde 2022 face à l’Argentine, une courte séquence a été diffusée sur YouTube. Elle montre le président français réconforter l’attaquant star du PSG. Comme on ne dédaigne pas le langage corporel sur Libres Paroles, en voici un décryptage rapide.
Officiels, agents de sécurité et journalistes ont envahi la pelouse après le coup de sifflet final. L’Argentine remporte sa troisième Coupe du monde, la France termine deuxième malgré une belle remontée. Assis sur le gazon, le héros français du soir broie du noir, lui qui a pourtant inscrit un triplé pour maintenir son équipe à flot durant la partie.
C’est alors qu’arrive Emmanuel Macron, par derrière ; Kylian Mbappé ne le voit pas arriver. Macron penche la tête comme pour chercher l’expression de Mbappé, geste typique de sollicitude. Puis il se penche et approche son visage jusqu’à toucher celui de Kylian, lui posant une main paternelle et réconfortante sur la nuque. C’est vrai, ce Président-là est toujours très tactile, particulièrement lorsqu’il interagit avec des hommes jeunes.
Le joueur, qui faisait mine de se relever, reprend sa pose neutre, bras croisés autour des jambes. La fonction de président de la République semble à ce point désacralisée -ou l’éducation et le respect du plus grand nombre défaillante- que Mbappé ne juge pas à propos de se tenir debout en présence de Macron, quoi qu’on pense de celui-ci. Il ne sourit pas, ni ne répond aux propos du Président.
Macron resserre alors son étreinte : il se met dans l’axe du regard de Kylian, s’agenouille, et resserre son étreinte : à la main sur la nuque s’en ajoute une posée sur le bras gauche du joueur. Il lui tapote le dos. L’attaquant pince la bouche obstinément. Le contact visuel n’est pas mutuel : Macron le regarde dans les yeux, Mbappé l’évite dès le début de la séquence. Émotion et tristesse dues à la défaite ?
Et Martinez arrive…
Peut-être. Peut-être pas. En tout cas, le contraste est flagrant avec l’arrivée du gardien de but argentin, venu lui aussi prodiguer quelques mots réconfortants à Mbappé. Ce dernier lève le visage vers le portier et croise son regard avant de retomber dans son mutisme compréhensible. Macron n’y a pas eu droit !
Autre différence : le contact tactile est mutuel entre les deux joueurs de foot. L’argentin tend deux fois sa main, et Kylian la saisit deux fois, acceptant même l’aide de Martinez qui l’aide à se remettre debout. La présence de Martinez isole Macron, qui n’est toujours pas en face de Mbappé. Le corps de Macron est tourné vers l’auteur du triplé, mais c’est Martinez qui est en face de Mbappé.
Kylian va même jusqu’à prodiguer une caresse à Martinez, semblant le remercier silencieusement pour ses mots de réconfort. Sentant sans doute qu’il n’est pas dans son élément, Emmanuel Macron se relève avec la bouche figée dans la mimique du parent qui comprend la déception de son enfant, mais considère sa douleur comme un apprentissage nécessaire de la vie : « Allez mon p’tit, courage !« .
Les deux joueurs se touchent, habitués au contact physique du vestiaire, du terrain, des contacts et des célébrations. Mais Macron pose toujours sa main sur Mbappé, sans réciprocité.
Dans cette séquence, le président start-upper n’aura pas eu un regard ou un geste de l’attaquant français. Alors, désintérêt pour le politique ; ou bien déception compréhensible ? Mais dans ce dernier cas, pourquoi alors le portier argentin a-t-il droit à une interaction mutuelle avec Mbappé ?
À vous de regarder la séquence et d’interpréter les comportements ! Si vous voulez commencer avec un exercice facile, vous pouvez analyser cette autre photo du gardien argentin prise hier soir…
« Celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes« : Macron, Poutine et consorts ont bien assimilé cette maxime de Machiavel. Heureusement, il reste au citoyen des pistes pour résister et construire sa pensée.
Le Voyageur contemplant une mer de nuages, tableau de Caspar David Friedrich.
Gilets jaunes : 353 personnes blessées (dont 30 éborgnées), une répression digne d’un printemps arabe raté, la population choquée. Covid : décompte macabre du nombre de morts, privation de libertés au nom de la responsabilité (avec des arguments du type « vous pouvez tuer des gens en sortant de chez vous« ), flicage mutuel des citoyens entre eux, ambiance de trouille et de délation (lire notre article en trois parties sur le sujet). Rentrée 2022 : « fin de l’abondance et de l’insouciance » -c’est vrai qu’on se marrait tous les jours jusqu’ici-, crise énergétique. Et toujours, les pénuries de PQ.
Pendant ce temps, Xi Jinping assoit sa domination sur 1,4 milliard de Chinois et Vladimir Poutine, isolé, agite la menace de l’utilisation d’armes nucléaires dans sa guerre express ratée en Ukraine. Les mollahs répriment durement les manifestations en Iran. Votez pour moi, sinon c’est la guerre civile ! Ne vous mettez pas en travers de mon chemin, ou j’appuie sur le bouton rouge ! Attention, je vais frapper ! Entendez-vous le bruit des bottes ? La rhétorique de la peur s’empare à nouveau d’une bonne partie du monde, incluant le sacro-saint cénacle de la démocratie occidentale.
Les hommes méritent leur tyran : La Boétie l’avait compris il y a longtemps. Mais que peuvent faire les citoyens qui refusent ce jeu de la terreur et tiennent à garder le contrôle de leur âme, de leur raisonnement, et leur intégrité morale et intellectuelle ? Voici quelques pistes, que je pratique franchement, en tentant d’éviter les excès. L’objectif : retrouver une certaine indépendance comportementale et d’idées quand votre environnement tente de vous ramener à vos peurs ataviques.
Informez-vous
Premier conseil : informez-vous ! Encore faut-il définir ce que signifie s’informer. Informer, cela vaut dire aller à la recherche de l’information, et rassembler des informations sur un même sujet. Oui, les réseaux sociaux et les pure players sont utiles pour avoir un résumé des faits. Mais Facebook, LinkedIn, YouTube, etc. fonctionnent grâce à des algorithmes qui détectent ce que fait l’utilisateur pour lui proposer des contenus susceptibles de lui plaire ou de l’intéresser. En matière d’information, cela s’appelle la « bulle de filtres« , un concept développé par Eli Pariser. La conséquence majeure de ce contenu sur-mesure est un isolement intellectuel : vous tournez en rond en ne faisant que valider vos raisonnements antérieurs grâce aux nouvelles informations auxquelles vous accédez.
Il faut donc aller plus loin : consultez les médias que vous aimez, mais aussi ceux dont vous appréciez moins les contenus. Leurs contenus respectifs présenteront des différences et des ressemblances : elles vous permettront de comprendre ce qui relève de la ligne éditoriale du média et ce qui est tangible ou vraisemblable. Si l’information vous permet de voter, de façonner votre raisonnement et votre rapport au monde : informez-vous bien, multipliez les sources d’information pour confronter les versions, approfondissez les sujets qui vous semblent importants, et surtout ne vous contentez pas d’une tambouille prémâchée qui conforte simplement votre opinion préexistante.
N’ayez pas d’avis sur tout
Durant la crise générée par la gestion politique du Covid, nous avons découvert avec surprise et joie que la France ne comptait pas moins de 70 millions de virologues professionnels. Plus sérieusement, on observe -toujours sous l’effet d’internet en général, et des réseaux sociaux en particulier- une tendance nette qu’ont la plupart des gens à exprimer un avis sur à peu près n’importe quel sujet. Mais qui sont ces gens capables d’avoir un avis sur tout, comme s’ils passaient leur vie à s’informer sur tous les sujets dont on parle ?
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Je n’ai pas d’avis sur tout. Libres Paroles ne traite pas (encore) d’économie, car je ne pense pas avoir quelque chose à dire sur un sujet que je n’ai jamais étudié et où je sais avoir de sérieuses lacunes. Il ne s’agit pas de se taire systématiquement : personne ne sait tout sur un sujet, certains en savent simplement plus que d’autres. A l’inverse, s’exprimer tout le temps -généralement pour obtenir la validation d’un groupe social ou jouir en agaçant un adversaire derrière son clavier- n’a aucun sens. L’humilité est une valeur cardinale : quand on ne pense pas savoir, on écoute ceux qui ont quelque chose à dire.
Arrêtez l’ultracrépidarianisme : ayez un avis construit sur des sujets que vous maîtrisez correctement, cela vous rendra plus crédible que quelqu’un qui récite des mantras bienséants et en vogue sur des sujets qu’il ne connaît pas. Inutile de citer des exemples de ces mantras bébêtes : chacun les verra où il veut en fonction de ses opinions.
Écrivez
Qu’on aime Éric Zemmour ou pas, on peut difficilement nier qu’il est un adversaire de très haut niveau lors d’un débat. Mais qu’a-t-il de plus que ses opposants ? Deux choses : primo, il a visiblement beaucoup lu, et s’est donc informé ; secundo, il a écrit. La différence est de taille au moment de croiser le fer avec Marlène Schiappa (auteur de quelques bouquins de médiocres), par exemple.
Écrire avec sa main et un stylo (en effectuant le « geste graphomoteur » avec un « outil scripteur« , comme dirait l’Éducation nationale), c’est préciser sa pensée en deux temps. D’abord parce que la pensée est plus rapide que l’écriture : donc, vous avez le temps d’améliorer et de revoir vos termes et vos phrases (terminologie, ordre, syntaxe, références, arguments…) en écrivant. En pensant à un bout de phrase à la fois, vous allez le consolider le temps de l’écrire. Ensuite, vous pouvez lire ce que vous avez écrit une fois que vous avez posé votre stylo.
Face à votre pensée extériorisée et tracée, vous pourrez plus facilement remarquer si des inepties ou des incohérences émaillent votre raisonnement. C’est plus difficile de faire cet exercice à la vitesse de la pensée ; voilà pourquoi l’écriture présente un double avantage considérable pour penser par soi-même.
Confrontez vos avis
Suite logique des trois premiers conseils : quand vous vous êtes informé et que vous avez un avis structuré et réfléchi sur un sujet, discutez-en ! Confrontez votre opinion avec celle de deux types de personnes : celles qui sont d’accord avec vous, et celles qui ne sont pas d’accord avec vous. En somme, Montaigne avait raison : « Il faut voyager pour frotter et limer sa cervelle contre celle d’autrui« . Inutile de réserver un vol Easyjet : ce voyage, c’est le débat, condition indispensable d’une démocratie saine ; une condition qui nous fait cruellement défaut en France par les temps qui courent.
Les personnes qui sont d’accord avec vous exposeront pourtant de temps en temps des argument différents des vôtres. Eh oui : plusieurs chemins peuvent mener à une même conclusion. Vos détracteurs, eux, vous permettront de tester la solidité de votre culture sur un sujet et de votre raisonnement général sur ledit sujet. Ils vous coincent avec un argument ? Vous avez donc trouvé une faiblesse dans votre pensée, sur laquelle vous pourrez vous pencher pour la renforcer… voire même changer d’avis, ce qui n’est pas nécessairement une preuve de faiblesse. En cas de débat tournant à votre avantage (adversaire mauvais, peu cultivé, ou n’ayant pas lu mes deux précédents conseils), vous aurez alors peut-être prêché votre bonne parole.
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De grâce, ne cédez pas à l’anathème et au point Godwin : ne l’utilisez pas gratuitement pour masquer l’inanité de vos propos, et ne vous justifiez pas si on l’emploie à tort contre vous pour vous disqualifier. Riez de l’anathème : le rire, arme symbolique puissante, réduit l’injure à néant.
Dans les deux cas, vous renforcerez et affinerez votre système de pensée et vos arguments. Et si vous manquez de débatteurs, l’exercice rhétorique du dissoï logoï peut se pratiquer tout seul. Le principe ? Prenez un sujet, par exemple la guerre en Ukraine. Trouvez d’abord tous les arguments en faveur de cette guerre. Fouillez, réfléchissez, mettez-vous dans la peau d’un fanboy inconditionnel de Poutine et lancez-vous. Quand vous ne trouvez plus rien, faites l’exercice inverse : imaginez tous les arguments en défaveur de cette guerre. Peu importe que vous soyez pour ou contre, vous forcer votre logique pendant une moitié de l’exercice : c’est le but. Vous serez ainsi mieux préparé pour un débat, et vous aurez étayé votre raisonnement.
Conclusion
Si tous les systèmes totalitaires cherchent à terroriser et à endoctriner l’esprit des citoyens -les jeunes en particulier-, ce n’est pas un hasard : la peur empêche de réfléchir, elle limite votre pensée et vous ramène à des émotions primaires. Il s’agit maintenant de se détacher des réflexes biologiques pour ajouter la culture à l’équation.
Penser par soi-même est l’une des clés pour comprendre et maîtriser davantage le monde et sa propre pensée. Il ne s’agit cependant pas d’une pratique d’ermite retiré : même Zarathoustra est descendu de sa colline pour apporter le fruit de sa réflexion aux hommes. Il faut donc se donner les moyens de penser par soi-même (s’informer et prendre le temps de construire une opinion réfléchie), puis ensuite confronter cette opinion au monde réel.
Et vous, avez-vous d’autres conseils à donner pour résister à la rhétorique de la peur et penser par soi-même ?
Le média financé par la Russie fabrique l’opinion publique, et il est en pleine ascension
Entre propagandiste subtil, média doté d’une ligne éditoriale marquée, et organe d’influence politique, RT suit l’actualité pour mener une guerre informationnelle au service des intérêts russes. En France, son succès va croissant. Il s’explique surtout par l’incapacité d’un personnel politique pour le moins timoré à produire une vision du monde cohérente et fédératrice.Analyse.
Capture d’écran du site RT France (16 novembre).
« Hypocrisie » : pour qualifier la réaction américaine au tir de missile antisatellite russe, Sergueï Lavrov ne mâche pas ses mots. Cité dans un article de RT France, le ministre russe des Affaires étrangères enfonce le clou : Washington « développe une course aux armements très activement » et refuse de signer un traité visant à empêcher le déploiement d’armes dans l’espace.
Cet article, le seul paru sur le site de RT France sur le sujet à ce jour, illustre à lui seul les axes de la stratégie d’influence du média.
Montrer un État incohérent…
Un des axes de cette stratégie consiste à souligner les défauts du personnel politique au pouvoir. Macron annonce que le pass sanitaire sera conditionné à une troisième dose vaccinale pour les plus de 65 ans ? RT France exhume des propos de son ministre de la Santé datant du 26 août dernier et assurant qu’il n’y aurait « pas d’impact de la troisième dose sur le pass sanitaire« . On a déjà vu plus limpide! Sur la photo, Olivier Véran, qui ne porte pas de masque, se tripote le menton d’un air gêné (et les gestes barrière ?).
Le Français moyen retiendra l’absence de congruence entre les paroles et les actes des dirigeants français, qui donne l’impression d’une trahison permanente de la part des élites.
… et un pouvoir faible déclenchant la colère de son peuple…
Les snipers russes insistent aussi sur la lâcheté et les renoncements de l’État, qui confèrent un sentiment de toute-puissance aux délinquants. RT montre comment ces derniers n’hésitent plus à s’en prendre aux représentants de l’ordre dans la rue et même dans les commissariats de police.
La France souffre de la comparaison avec d’autres pays, qui apparaissent plus déterminés pour régler la crise migratoire ou combattre le fondamentalisme islamiste. Même le dossier des licences de pêche post-Brexit tourne au désavantage de Paris, qui « se défend de capituler » ! Un choix de mots pas anodin, qui évoque un perdant misérable refusant de reconnaître une défaite malgré l’évidence.
RT couvre aussi abondamment les mouvements sociaux de contestation, par exemple contre le pass sanitaire : ici ou là). On perçoit un État incapable de contenter son peuple à longueur de paragraphes : l’effet de halo fonctionne à plein. Logiquement, cette veulerie du pouvoir déclenche sa substitution par des personnalités ou des citoyens qui s’organisent pour lutter contre l’insécurité ou la pauvreté.
Le modèle de société et la vision du monde occidentaux apparaissent eux vides de sens, puisque leur incarnation semble être l’apparition d’un genre neutre sur les passeports ou l’immoralité. L’intérêt de RT pour les errements « progressistes » a pour but de les faire apparaître pour ce qu’ils sont : des broutilles insignifiantes, le monde vu par le petit bout de la lorgnette.
La France est présentée de façon péjorative ; RT en fait un portrait décadent et apocalyptique, notamment grâce à un choix opportuniste de sources servant ses objectifs.
… pour souligner la force du modèle russe !
RT France joue sur la défiance du peuple envers les « élites » et les médias traditionnels, sur l’aspiration à des leaders autoritaires, et sur l’absence de transcendance (fût-elle morale, politique, ou culturelle).
Le média y oppose en creux une vision bien plus séduisante, solide, et visionnaire : celle de Moscou. La Russie semblant comprendre que la guerre a évolué en des formes moins directes utilisant l’information comme soft power, la subtilité du média consiste à ne pas défendre agressivement les intérêts de Moscou à l’aide de scribouillards bellicistes, mais à susciter l’adhésion par démonstration.
L’Occident semble faible et déchiré ; la Russie apparaît article après article comme un acteur géopolitique fort et incontournable dans les relations internationales, dont la realpolitik assumée ne s’embarrasse pas de scrupules de façade (puisque ceux qui en ont mentent ou y renoncent).
Dans environ 7 mois, les Français auront élu leur nouveau Président. Macron se succédera-t-il à lui-même ? Éric Zemmour ira-t-il loin s’il se présente ? Les partis classiques (LR, PS, etc.) vont-ils renouer avec leur lustre d’antan ? Quelles sont les chances de LFI et du RN ? Libres Paroles a demandé son pronostic à un voyant réputé !
A pair of male hands surrounding a crystal ball conjuring up a hologram on an isolated dark studio background (istockphoto)
Zemmour, l’inquiétant trublion ?
Ses livres se vendent comme des petits pains, il a fait exploser l’audimat de CNews, ses conférences et dédicaces attirent un large public, les sondages démontrent son fort soutien populaire : Éric Zemmour sera sans nul doute un acteur de taille s’il se lance dans l’arène.
S’il vise le titre suprême, l’intellectuel devra cependant conquérir un électorat LR pas toujours acquis à sa vision apocalyptique et un brin paranoïaque de la France. Il devra aussi passer du statut de chauffeur de salle à celui de candidat crédible : avoir un programme cohérent et s’entourer de personnalités expérimentées sera indispensable.
Si Zemmour est candidat, il va évidemment constituer une grande inquiétude pour les autres partis, car tout indique que contrairement à eux, il parle vraiment de ce qui intéresse les Français. Les autres candidats le savent déjà : il est aujourd’hui le seul à créer un tel engouement autour de ses idées et de sa personne.
Il devra donc faire face à des embûches sorties de nulle part et destinées à le disqualifier : affaire de viol/harcèlement/adultère (très à la mode), mauvaise déclaration de patrimoine (toujours efficace), loi rédigée à son intention pour lui interdire de concourir en raison de condamnations judiciaires (déjà évoquée), exhumation d’articles immatures écrits à 16 ans, voire menaces plus directes.
Le vent lui sera bien sûr contraire : articles médiatiques à charge, attaques en dessous de la ceinture… Une sorte de remake vaseux de Fillon 2017 en perspective !
Pronostic : échouera aux portes du second tour et deviendra un faiseur de rois à droite. S’il survit aux coups déloyaux, aura préparé 2027 avec sérieux. Un second tour par miracle ? Il aurait alors de sérieuses chances d’être élu Président.
Macron : plat réchauffé
Comme en 2017, on peut s’attendre à un Emmanuel Macron racoleur et charmeur, organisant sa campagne autour de sa personne. Lui qui voit la politique comme un simple produit à vendre à des électeurs-consommateurs va multiplier les séquences et déclarations contradictoires pour plaire à tous, sans finalement enthousiasmer personne au-delà d’un éventuel électorat de trentenaires bobos urbains. Un produit sans personnalité mais vaguement adapté à chaque public : un peu pour les jeunes, un peu pour les boomers, pour le gauchiste, et aussi pour le droitard. Quelques déclarations martiales pour dragouiller les électeurs LR, des promesses de chèques et d’assistanat pour plaire à gauche.
Pour subtiliser quelques voix à LFI, Macron ajoutera à son plat réchauffé de fortes déclarations destinées à ceux qui ont une vision communautariste de la société française. Enfin, pour contrer Marine Le Pen (qu’il essaye d’ériger par tous les moyens en adversaire majeure depuis des mois, sûr qu’il est de gagner en duel), on peut s’attendre à la carte « fascisme » et à la rhétorique de la ridiculisation (« Moi, j’ai régné, moi. Vous, vous ne savez pas ce que c’est, évidemment ! »).
La stratégie devrait être claire : LREM et les gouvernements 2017-2022 seront sans doute une soupape utile pour endosser la responsabilité de certains échecs de son quinquennat. Macron enverra ses cadres tancer les adversaires menaçants (MLP sans doute, Zemmour s’il se présente) pour garder une certaine hauteur « jupitérienne » et ne pas se salir.
Pronostic : présence au second tour, probable réélection par défaut comme en 2017.
LR : chevaux hors course
Le sort de LR semble clair. Un candidat peinant à rassembler en interne et devant incarner un parti qui fait rarement ce qu’il avait promis une fois au pouvoir, qui surfera tristement sur une vaguelette d’enthousiasme tiède. Une part de marché réduite à quelques jeunes BCBG et des boomers encore nostalgiques de Sarkozy.
Trop divisé, ce parti va envoyer au turbin un candidat sans charisme, qui va lorgner plus ou moins du côté du RN en nous gratifiant de quelques rodomontades sur l’immigration, la sécurité, et l’identité. Barnier, Pécresse et Bertrand notamment ont déjà commencé le show.
Pronostic : échec au premier tour, crise en interne, voire scission possible entre tenants d’une aile plutôt LREM et partisans d’une ligne plus « RN/Zemmour-compatible ».
La gauche trop divisée
Les différentes sensibilités de gauche (LFI, EELV, PS) ont chacune choisi un candidat… et devront se partager les voix en conséquence. Leur éclatement et leur incapacité à s’unir leur coûteront une présence au second tour. Le PS est inaudible et Hidalgo souffre de son triste bilan parisien ; LFI est divisée en interne et le despote Mélenchon fera du lèche-babouches en espérant un important vote communautaire ; EELV fera un score honorable avec un Jadot plus modéré que sa consoeur, la sorcière écolo-dingo Sandrine Rousseau. Une modération qui sera toutefois aussi son handicap pour les plus plus éminents « progressistes » de la société.
Pronostic : score faiblard pour le PS, LFI en baisse par rapport à 2017. Aucun candidat présent au second tour. EELV s’affirme comme un parti plus puissant à gauche si Jadot ne rate pas sa campagne et enfile le costume efficacement.
RN : pas de second tour ?
Le RN subit Marine Le Pen depuis trop longtemps déjà. L’inaudibilité de cette dernière et son échec en 2017 seront de graves handicaps, en plus d’une fuite éventuelle d’électeurs tentés par Zemmour ou encore Dupont-Aignan. Enfin, un nombre croissant d’électeurs RN doutent de plus en plus de sa capacité à gagner.
Les électeurs voulant exprimer un rejet en votant pour elle hésiteront au vu d’un programme économique dangereux et de ce manque de leadership. Tant mieux, car MLP est une rentière de l’opposition. C’est peut-être là sa posture idéale.
Pronostic : moins bon score qu’en 2017. Présence (et défaite en finale) au second tour très probable. Attention au Zemmour arrivant à toute blinde dans le rétroviseur : il pourrait gratter la seconde place (s’il se présente). Montée en puissance des jeunes loups du RN après l’élection, ou départ d’une partie des cadres.
Conclusion : Macron jusqu’à l’indigestion
Le grand gagnant sera donc le candidat archétypal du système, Emmanuel Macron. Peu importe le manque d’adhésion et les modalités : il devrait être élu à défaut de mieux, sans que quiconque ne croie réellement à ses diatribes et belles promesses. Gauche et droite, par leurs divisions et leur incapacité à se renouveler et donc à séduire, semblent rouler pour lui et lui faciliter le chemin.
Attention toutefois à Zemmour, s’il est candidat et franchit les obstacles qui ne manqueront pas d’apparaître comme par magie !
Résultat pour les Français : bis repetita dans la morosité. On a ce qu’on mérite : d’un pays de consommateurs peu cultivés ne peut pas émerger une offre politique de haut niveau.
La promesse d’Emmanuel Macron de « ne pas renoncer aux caricatures » suscite depuis plusieurs jours des réactions violentes de la part de plusieurs pays musulmans. Pour une fois, il semble que le Président de la République française a visé juste. Il doit maintenant protéger effectivement la liberté d’expression en France, sans compromission, comme il l’a annoncé… et dénoncer fermement l’ingérence intolérable dont font preuve ces pays étrangers à l’égard d’une nation souveraine.
« Nous ne renoncerons pas aux caricatures« , énième rodomontade ?
Rappelons le contexte : l’assassinat effroyable d’un professeur d’histoire le vendredi 16 octobre, Samuel Paty, a profondément choqué les Français de coeur et d’esprit, et tous ceux qui croient que la liberté d’expression va au-delà de leur susceptibilité personnelle. Les esprits assez courageux pour accepter le désaccord et la caricature sont meurtris, mais ce meurtre contribue à leur réveil.
Arrivé à Conflans-Sainte-Honorine, Emmanuel Macron s’est fendu d’une allocution dans laquelle il a notamment réaffirmé que, collectivement, « nous ne renoncerons pas aux caricatures« . Jusque là, un auditeur vaguement attentif aurait à nouveau pu ricaner à ces propos tenus par un homme dont l’action politique en matière de lutte contre l’islamisme est quasiment inexistante. De postures en déclarations creuses, le Président français a montré depuis le début de son mandat une coupable constance dans l’inaction et l’aveuglement. Cette déclaration devait donc être une rodomontade de plus. Elle devait passer inaperçue… Et pourtant.
La réaction unanime de nombreux pays musulmans
Et pourtant, cette banale déclaration a déclenché en quelques jours une vague de réactions furieuses de la part de plusieurs pays de ce que l’on appelle le « monde musulman ». Injures, drapeaux français brûlés, appels massifs au boycott, et même… caricatures de Macron en cochon : cocasse, pour dénoncer la violence des caricatures de Mahomet.
Une banderole s’en prenant à Emmanuel Macron déployée sur une place de Naplouse, en Cisjordanie occupée, le 25 octobre 2020. (MOHAMAD TOROKMAN / REUTERS)
On passera sur le fait que ces pays se distinguent régulièrement par leur propension à faire aux autres ce qu’ils ne tolèreraient aucunement à leur endroit. On imaginera également avec amusement les princesses et émirs saoudiens se passer de champagne et de haute couture pendant plusieurs semaines.
Libye, Pakistan, Cisjordanie, Qatar, Maroc, Égypte, Koweït… : jour après jour, les représentants officiels de l’autoproclamée religion « de paix et d’amour » prouvent une fois encore la violence de l’Islam tel qu’ils le conçoivent. Erdogan évoque la « santé mentale » de Macron en Turquie ; en Algérie, le bien mal nommé « Mouvement de la société pour la paix » -le plus grand parti d’obédience islamique algérien- a publiquement appelé le président Abdelmadjid Tebboune à prendre position contre le président français. La liste est interminable. Ces individus sont si fragiles que le moindre dessin les fait sortir de leurs gonds. Si instables que leurs sautes d’humeur se transforment en délires sans limites. Et dans leur cécité colérique, ils tentent d’influencer sur les décisions de société d’une nation souveraine. Ils donnent de leur Dieu une pitoyable image : celui-ci, tout puissant, a-t-il besoin de défenseurs, surtout aussi navrants ?
Le valeureux Erdogan s’étrangle pour de simples dessins… et leur donne un écho considérable. C’est l’effet Barbra Streisand.
Une ingérence politique majeure
Ces réactions n’ont qu’un but : dicter à la France la conduite à tenir en matière de société. Faire plier un pays où la liberté d’expression prévaut (encore) pour mieux le soumettre. Et ce sont précisément ces réactions qui démontrent qu’Emmanuel Macron a visé juste.
Si le Président français était aussi peu crédible à l’étranger que dans son propre pays, ses déclarations emportées eussent à peine fait hausser un ou deux sourcils et sourire des lèvres goguenardes. L’énième pantalonnade du pensionnaire de l’Élysée devait en rester là : elle aura finalement embrasé une fraction majeure du monde musulman.
Ce dernier démontre une fois encore de façon éclatante que les frustrations que l’Islam engendre lorsqu’il est appliqué avec bêtise et à la lettre par des esprits trop médiocres pour en comprendre l’esprit, ressemblent à une cocotte-minute prête à exploser pour un rien.
Dans leur ivresse vengeresse, les dirigeants des pays qui ont haussé le ton font preuve d’une intolérable et scandaleuse ingérence. Ces hiérarques dont les principaux talents consistent à truquer des élections, à asservir leur peuple (pas de liens ici, la liste est trop longue) et à s’en mettre plein les poches sans développer leur pays pour la plupart, osent donner des leçons de politique à un pays qui a apporté au monde l’universalisme, rien que cela !
L’Islam, religion pervertie en instrument de domination par des dirigeants peu soucieux de spiritualité et de bonheur
C’est un nouvel épisode, peut-être charnière, des prémisses de la guerre de civilisation que les hérauts de l’islam agressif mènent au monde occidental, et à la France en particulier. Les mots sont forts : pourtant, aucun des dirigeants ayant réagi aux propos du Président français n’a parlé de son pays ou de son peuple. Tous ont parlé de vexation et d’injure à l’égard des « musulmans ». Ils ont trahi une nouvelle fois par des mots la conception qu’ils se font du monde, et que nos dirigeants feignent trop souvent d’ignorer, par peur ou par calcul : il y a les musulmans -l’Oumma-, et il y a le reste du monde. Et les musulmans en question sont une nouvelle fois sommés de réagir, exhortés à choisir entre une religion et leur participation à la marche d’un monde de paix commune. Leurs dirigeants les tiennent visiblement pour un troupeau tout juste bon à se faire dicter sa conduite, dont les membres seraient incapables d’avoir un avis propre. N’est-ce pas là un manque de respect colossal, bien supérieur à quelques dessins potaches de mauvais goût ?
En temps normal, chacun de ces gueulards vindicatifs se préoccupe de ses petites affaires. Mais ils sont subitement unanimes pour dénoncer sans mesure ce qu’ils estiment être des injures. C’est cela, la puissance de l’Islam qui force l’admiration : une communauté puissante, prête à faire bloc (en apparence) dès qu’elle se sent agressée.
Face à ces dirigeants qui ne représentent qu’eux-mêmes, la clé viendra des musulmans eux-mêmes. Souhaitons qu’un jour la grande majorité d’entre eux se soulève et chasse leurs despotes, fatiguée d’être privée de liberté de penser et de juger.
Les hommes bornés qui débitent de telles inepties souillent chaque jour une religion commune à presque 2 milliards d’êtres humains, en en faisant l’instrument de leur soif de puissance et de leur volonté de domination. La spiritualité, la transcendance, le bonheur de la Foi, tout cela leur est étranger. L’Islam n’est pour eux qu’un outil pratique : ils sont les pires blasphémateurs de la religion qu’ils disent représenter !
Macron doit absolument tenir bon
En attendant, Emmanuel Macron doit absolument tenir bon ; il doit raffermir sa position et envoyer paître clairement tous ces (vieux) dirigeants aigris. Son rôle est crucial : il a l’occasion d’envoyer un message puissant, qui résonnerait avec force. Un message qui serait un immense soulagement, même temporaire, pour des millions de Français livrés à eux-mêmes face aux violences régulièrement commises au nom de l’Islam ; pour des millions de musulmans dont la religion est dictée par le contrôle social, dans l’incapacité d’en faire un vecteur d’Amour comme l’immense majorité du bouddhisme ou du christianisme modernes.
Nous devons respecter les êtres humains en fonction de leur valeur, non en fonction de leur religion, de leur couleur de peau, ou de leur origine. Le respect, ce sentiment qui porte à accorder à quelqu’un de la considération en raison de la valeur qu’on lui reconnaît. Face à des personnes de peu de valeur assoiffées de domination, le respect consiste simplement à leur opposer une indifférence totale et à maintenir une position explicite et ferme.
Cela demande une vraie force de caractère. Au nom de la France, Emmanuel Macron doit montrer cette force qui lui fait défaut. L’occasion est unique. Le symbole serait extraordinairement fort.