Réapproprions-nous le sens des mots !

Il est grand temps d’appeler à nouveau un chat, un chat

Depuis des années, il ne se passe pas une semaine sans que l’actualité nous abreuve de mots dont le sens est distordu, tronqué, ou tout simplement erroné. Le contexte permettant la compréhension des faits est absent lorsqu’il est nécessaire, et présent lorsqu’il n’apporte rien. Résultat : en l’absence de mots adéquats, il devient difficile de penser le monde réel dans un cadre précis.

(c) Depositphotos

Élection présidentielle, tensions sociales et civilisationnelles, politiquement correct, bassesses et grandeurs de l’Homme : il vous devient presque impossible de faire du monde un objet de réflexion quotidienne ou philosophique. Ne pensez pas, répétez des formules creuses et prémâchées. Les « éléments de langage » ont remplacé la pensée subtile et nuancée, le « buzz » remplace le fait, les invectives remplacent le débat, les oxymores pullulent, les contradictions pleuvent sur votre esprit embrumé par l’enchaînement des informations. Votre attention, déjà vampirisée par les GAFAM [1], se rend. Inutile d’essayer : votre cerveau n’a plus le temps. Il faudrait penser une quantité d’informations jamais connue dans l’histoire de l’humanité : c’est trop pour un seul être humain, fût-il le plus grand des génies.

Notre époque nous donne à observer une disruption (cassure) gigantesque de la langue française. Ces travestissements linguistiques, ce mésusage permanent du signifié et du signifiant des mots nous privent de la plus formidable liberté : celle de penser. Et nous nous faisons avoir, trop las pour nous battre, déjà privés de nos armes par une école qui devient davantage une fabrique du crétin qu’un lieu où l’on forme des citoyens éclairés [2].

Mots : la disruption permanente

Récemment, Mathieu Kassovitz, parti inaugurer une fresque en Ukraine, y faisait l’apologie des Ukrainiens « nationalistes » qui se battent contre les Russes [3]. Des propos qui ont fait hausser des sourcils, le même Kassovitz ne ratant pas une occasion de fustiger le présumé nationalisme des Français inquiets de l’immigration massive, qu’il assimile à du « racisme » [4]. Il suffit de s’intéresser au discours du cinéaste pour comprendre qu’il est contre les frontières, mythifie la figure de l’Autre, et présente depuis longtemps son désir d’un métissage total en France comme un avenir inéluctable et un passé tangible [5]. On comprend mieux la rhétorique kassovitzienne lorsquon observe le fond des propos : c’est une opinion.

D’autres exemples ? Un suspect « connu des services de police » ? Un euphémisme pour désigner un délinquant/criminel multirécidiviste. On passe de l’idée d’une connaissance (« Salut Michel !« ) à celle, plus précise, d’un individu dont les choix systématiques ou réguliers nuisent à la société dans son ensemble. Quelqu’un tient des propos osés ? On le qualifiera différemment selon son bord politique : « sulfureux » ou « polémique » s’il est de droite, « engagé » s’il est de gauche. Qualifier pour disqualifier ou pour valider : c’est qu’il faut vous apprendre à penser correctement ! Un « coup de couteau à la gorge » ? C’est une tentative de meurtre par égorgement, technique primitive et brutale d’importation récente. En appelant précisément les choses, on saisit l’extrême violence de celui qui tente de tuer -qu’il saisisse la gravité de son geste ou non. Les « tensions » à Sevran étaient en fait des émeutes, voire des actes de sédition (j’en parlais ici).

Dans ce dernier exemple, il faut pour parler de « sédition » comprendre non seulement le sens de ce mot, mais aussi le contexte.

Livre pour enfants « La belle lisse poire du prince de Motordu ». Heureusement, le prince rencontre la princesse des écoles à la fin !

Antiracisme, antifascisme, féminisme, sexualité : la connaissance du contexte, élément clé

Le contexte des mots les éclaire bien souvent. Encore faut-il le connaître. Vous connaissez les antiracistes ? En théorie, ce sont des personnes qui luttent contre « l’idéologie fondée sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les groupes humains, autrefois appelés « races » et le comportement qui découle de cette idéologie » (Larousse). Aujourd’hui, les antiracistes autoproclamés comportent parmi eux les pires des racistes. Comment qualifier autrement une personne dont les réflexions s’opèrent entièrement à partir d’une distinction effectuée selon la couleur de peau ? Certains amateurs de justice sociale façon BLM ou antifas ont décidé que la couleur de la peau vous astreint à un comportement qu’ils définissent : un Noir doit être une « victime« , un Blanc un « oppresseur« , le mâle Asiatique doit être victimisé en raison de l’imaginaire peu viril que certains s’en font. À les écouter, on ne doit plus rien au mérite, aux idées, aux choix. Exit votre liberté et votre responsabilité ! Tout est couleur de peau. Celle-ci définit votre place dans la société, ce que vous devez dire, faire, et penser. Ce n’est pas de l’antiracisme : c’est du racisme pur et simple. Partant, donnons-lui son nom réel. Cela nous armera moralement et intellectuellement pour lutter contre le racisme, ce fléau d’une terrible universalité. Il en est de même pour les « antifascistes », devenus aujourd’hui les champions de l’agression, de l’intimidation, de la censure, du jugement populaire, bref : du fascisme pur et simple.

On parle beaucoup ces temps-ci d’une certaine conception woke et punitive du féminisme. Pourquoi le collectif de Caroline de Haas #NousToutes est-il volubile au moindre soupçon d’agression de la part d’un « mâle blanc », et totalement aveugle, sourd et muet lorsque le suspect a le teint trop hâlé (on pense entre autres aux viols de Cologne) ? L’analyse de ses prises de parole et de ses éléments de langage indique simplement que le collectif en question n’est pas féministe : il est plus probablement anti-hommes occidentaux et est l’un des idiots utiles de la diversité. Beaucoup de soi-disant féministes ne désirent en fait que l’égalité hommes-femmes (impossible) au lieu de revendiquer l’équité (objectif souhaitable que la France atteint relativement bien). Leur lutte contre un prétendu patriarcat -en réalité une chimère agonisante- ne se comprend qu’en synthétisant l’ensemble de leurs actions. Caroline de Haas, l’une de ses fondatrices, est ainsi passée maître dans l’art de créer des problèmes (harcèlements moraux et sexuels par exemple) pour vendre ensuite des formations… dédiées à la lutte contre ces mêmes harcèlements [6] ! Est-ce là du féminisme, ou du business moralement douteux ?

A contrario, le collectif féministe Némésis (qui pointe du doigt l’important contingent d’agresseurs issus de l’immigration pendant des manifestations) n’est pas que féministe ; il est identitaire et nationaliste. Son combat ne se comprend qu’à la lumière de cette connaissance (facile à obtenir, puisque c’est indiqué sur leur site). Leur irruption dans des défilés féministes dirigés contre les mâles blancs (ceux qui s’excusent platement ; pas les autres mâles, qu’elles redoutent) montre leur volonté de témoigner de la cécité partielle d’autres mouvements dits féministes. Bien sûr, tout ce petit monde est prêt à filmer et diffuser le moindre dérapage de l’autre camp pour étayer son point de vue auprès de l’opinion publique.

Un dernier exemple nous est fourni par le sacro-saint combat LGBTQIIAAHJDHOCNOHZHDIO+-. Vous avez juste affaire dans la majeure partie des cas à des personnes instables, en mal de reconnaissance, et geignardes. Des adultes qui voient l’État comme l’enfant voit ses parents : une autorité capable de lui donner raison et de satisfaire ses moindres caprices. Leur rhétorique se mord la queue, leurs arguments sont contradictoires. Réalisez l’incurie de la pensée de certains : dans « LGBT », le « B » signifie « bisexuel » (sous-entendu, il y a deux sexes) ; les mêmes nous expliquent aujourd’hui qu’il y a des dizaines de genres… Parle-t-on de Pokemon ou de souffrance ? Ne vous laissez pas enfumer par le jargon pseudo-scientifique qu’ils utilisent. Ces gens refusent de s’adapter au monde et demandent au monde de s’adapter à eux : c’est impossible. Ce faisant, ils occultent des personnes (sans doute une infime minorité, mais une minorité existante) qui souffrent réellement d’une dysphorie de genre et se voient représentés par des imbéciles se définissant comme « ours non-binaire poilu lesbienne gender fluid ».

La liste est interminable : en fait de « débat » (Larousse : « Discussion, souvent organisée, autour d’un thème« ), nous assistons davantage ces jours-ci à une foire d’empoigne dans laquelle les candidats sont dénués de la moindre considération pour leur adversaire et pour les Français. Emmanuel Macron, qui esquive le débat, montre ainsi implicitement qu’il sait la puissance des mots (il a peu d’arguments et beaucoup d’éléments de langage ciblant des catégories précises) et la force du contexte (son quinquennat déplorable le rend vulnérable).

Conclusion : réapproprions-nous le réel !

Cette disruption permanente des mots, ce camouflage du contexte, cette quantité considérable d’informations à traiter concourent à modeler notre façon de penser le monde, de nos conversations amicales au bulletin de vote que nous glisserons (peut-être) dans l’urne pour l’élection présidentielle. Vos représentations du réel sont biaisées par des gens parfois intelligents et éduqués qui tentent de nous manipuler, souvent par des égoïstes ne servant que leurs petits intérêts. Or, ce sont ces représentations mentales qui façonnent nos amitiés et inimitiés, nos accords et désaccords, nos grandeurs et nos bassesses. Être un fasciste serait acceptable si vous êtes de gauche et que des médias vous appellent « antifascistes » ? Allons donc !

Redonnons leur sens réel aux mots, et ajoutons-y une acception particulière liée à notre personnalité ; mais partageons tous une base linguistique et des connaissances communes pour penser le monde à l’aide d’un code compréhensible par tous !

Dans cet article, j’ai donné des exemples : peu importe que vous soyez d’accord avec moi et avec ma grille de lecture ; soyez en désaccord, justement ! Mais de grâce, pensez votre désaccord, prenez le temps d’apprécier ou de fustiger les mots que j’ai écrits et la pensée que j’ai formulée, développez vos propres exemples et arguments, entraînez votre pensée ! Alors, la pire chose qui pourrait nous arriver serait de débattre de nos conceptions grâce à un langage commun. Heureusement, nous sommes encore nombreux à le faire.

[1] https://www.causeur.fr/la-guerre-de-l-attention-yves-marry-et-florent-souillot-229494

[2] https://www.babelio.com/livres/Brighelli-La-Fabrique-du-Cretin–La-mort-programmee-de-lec/13338

[3] https://www.huffingtonpost.fr/entry/mathieu-kassovitz-et-le-photographe-jr-en-soutien-a-lukraine_fr_622f65b9e4b0d1329e88ab88

[4] https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/cinema/mathieu-kassovitz-les-racistes-ont-perdu-leur-combat-04-08-2020-8363109.php

[5] https://www.msn.com/fr-fr/divertissement/celebrites/nous-sommes-m%C3%A9tiss%C3%A9s-de-souche-le-message-de-mathieu-kassovitz-%C3%A0-eric-zemmour/ar-AARTllx

[6] https://www.causeur.fr/caroline-de-haas-feminisme-gouvernement-violences-sexuelles-171247

Le « progressisme », ou la régression permanente

Pourquoi il faut toujours écrire systématiquement ce mot avec des guillemets

Dans l’une de ses acceptions, le progrès désigne l’évolution régulière de l’humanité, de la civilisation vers un but idéal. La doctrine qui en découle -le « progressisme »- est aujourd’hui profondément dévoyée. Les activistes qui s’en réclament nous vendent un retour en arrière dangereux, maquillé en avancées sociales prétendument bénéfiques. S’ils gagnent, les conséquences seront terribles.

Le premier « moonwalk » de Michael Jackson.

16 mai 1983 : Michael Jackson effectue pour la première fois sur scène son pas de danse emblématique, le « moonwalk« . L’illusion est grandiose, l’originalité totale : glissant fluidement sur le sol, l’artiste recule en semblant avancer. Le public, stupéfait et impressionné, siffle et applaudit la prestation et le talent de « MJ ».

Quelques décennies plus tard, un autre mouvement -politique et social, celui-là- utilise la recette du moonwalk : le « progressisme ». Ses « artistes » aussi -les « progressistes »- feignent d’avancer, mais reculent sans cesse. La différence avec le roi de la pop, c’est qu’ils n’ont ni talent ni originalité : pour étendre leur domination, ils mobilisent des principes archaïques dont l’humanité a perçu à de nombreuses reprises l’extrême dangerosité dans son histoire. Si prompt à évoquer « les heures les plus sombres » et à pratiquer le reductio ad hitlerum, le « progressisme » est la terrifiante incarnation d’un authentique fascisme moderne.

La discrimination permanente selon la couleur de peau…

Un de ses aspects les plus inquiétants est la remise en cause permanente de l’individualisme (tel que le conçoit la pensée philosophique des Lumières) au profit du groupe social. Pour le dire autrement, les « progressistes » découpent le monde en catégories dans lesquelles ils essayent de faire rentrer tout le monde, leurs alliés comme leurs ennemis. Exit l’existentialisme, le libre arbitre, la responsabilité individuelle : chacun est classé en ami ou ennemi selon sa couleur de peau, son sexe, ou ses préférences sexuelles. En quoi est-ce un progrès ?

Google créant une icône pour indiquer les commerces tenus par des Noirs, bientôt rejoint par d’autres marques (on en avait parlé ici avec ironie) ; la maire de Chicago refusant de parler aux journalistes Blancs ; l’actrice Aïssa Maïga comptant les Noirs aux Césars ; le Canada autorisant le licenciement pour absence d’origine autochtone ; un opéra de Londres ne renouvelant pas leur contrat de travail à des Blancs ; etc. Les exemples, extrêmement inquiétants, sont légion.

La distinction selon la couleur de peau ? C’est la définition exacte du racisme. Cette idée dangereuse a déjà été mise en pratique à de nombreuses reprises par le passé : apartheid en Afrique du Sud, ségrégation aux États-Unis, nazisme, etc. La hiérarchisation des races, théorisée par certains penseurs comme Gobineau et Chamberlain, a permis à certains de justifier pêle-mêle la colonisation, l’esclavagisme, la conquête américaine, la Shoah, etc. En quoi est-ce un progrès ?

… les préférences sexuelles…

Drapeaux LGBT / triangle rose des Nazis pour distinguer les prisonniers homosexuels (montage photo).

Parmi les « progressistes » figurent aussi des lobbys qui réduisent leurs membres à leurs préférences et orientation sexuelles au nom du progrès social et de l’évolution des mœurs. Ayant découpé la sexualité en 52 genres et orientations, ils affectent un drapeau à la plupart d’entre eux. Du déjà vu : les nazis marquaient déjà les homosexuels à l’aide des triangles roses et noirs ; en 1179, le 3e concile de Latran renforce la condamnation de l’homosexualité chez les clercs, vue comme une hérésie ; de nos jours, les homosexuels risquent la peine de mort dans plusieurs pays du monde (voir la carte ILGA ici).

Que l’on soit fier de ne se définir que par sa sexualité ou qu’on le subisse, le résultat est violent et décadent : comment peut-on être réduit à cela ? Pourquoi allumer les braises d’un combat entre personnes ayant des sexualités différentes, si ce n’est pour se sentir dans le camp du Bien et satisfaire son besoin d’appartenance et sa vertu ? En quoi est-ce un progrès ?

… ou le sexe

« La femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente » : cette citation de François Giroud était drôle, jusqu’à ce qu’elle soit mise en pratique par les « progressistes ». Car ceux-ci utilisent aussi votre sexe biologique pour vous assigner à résidence. Dans des sociétés authentiquement patriarcales, régies par des lois primitives, la femme est une éternelle mineure (relire le Coran ou l’Ancien Testament sur ce sujet par exemple).

Aujourd’hui, le « progressisme » discrimine toujours en fonction du sexe, remettant au goût du jour un archaïsme délétère en l’inversant. Le progrès supposé est censé résider dans l’inversion des standards : les femmes sont favorisées au détriment des hommes. Les discours pseudo-féministes stigmatisant les hommes ont pignon sur rue : Pauline Harmange publiant un livre sur la misandrie, cette « fête » ; l’Assemblée nationale entérinant des quotas de femmes dans les directions d’entreprise ; une élue parisienne qualifiant tous les hommes de violeur, tueur, ou agresseur (au choix) ; etc. L’égalité enterrée, la méritocratie abandonnée : en quoi est-ce un progrès ?

Des méthodes dictatoriales éculées

La grande régression consiste à faire passer des avancées sociales bien réelles pour les fruits d’une société sclérosée par mille défauts, et à vouloir réellement revenir en arrière. Les concepts sont tordus à l’extrême pour ériger un système moral et social dangereux, aux fondations bien fragiles, et souffrant de violentes contradictions. Et si vous n’êtes pas d’accord, vous affronterez des militants aux méthodes dictatoriales, c’est-à-dire qui exercent un pouvoir absolu dans leur domaine.

Propagande intensive, censure sociale et médiatique, suppression des instances démocratiques, agressions physiques, lois coercitives : voici une partie de l’arsenal déployé par les « progressistes » pour forcer la marche du monde. En quoi est-ce un progrès ? De Goebbels aux Gardes rouges, de l’Inquisition à l’islamisme, des Grandes purges staliniennes au maccarthysme, l’Histoire retient que le pouvoir de destruction de ces méthodes est supérieur à leurs supposées vertus. Obligez le monde à suivre vos idéaux et vous deviendrez un dictateur.

L’Histoire témoigne aussi que l’aspiration à la liberté est une fleur immarcescible qui croît naturellement dans le coeur des hommes. La flamme de la liberté, du respect, de l’amour de son prochain, de la quête du vrai progrès, peut vaciller souvent, sans jamais s’éteindre. Il faut opposer les lumières de la raison et de l’amour aux ombres de la haine et de l’ignorance, comme toujours. Il faut se battre pour défendre l’égalité, le mérite, le respect, la dignité.

Si nous nous rendons, le « progressisme » tel qu’il s’incarne aujourd’hui fera régresser l’humanité en bégayant indéfiniment les drames de l’histoire. « Celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la revivre » (Karl Marx).

Génération victimes, épisode 2 : l’inversion accusatoire permanente

Le deuxième épisode de cette série sur les victimes se consacre à l’inversion accusatoire. Cette figure rhétorique grossière a l’heur de fonctionner uniquement car elle est étayée, légitimée et diffusée par des relais serviles… mais puissants dans la guerre informationnelle.

Sur le vif : des « antiracistes » en pleine action militante (capture d’écran Twitter).

La victime en 2021, c’est un temple inviolable. Que dis-je, un temple inviolable ! C’est une vache sacrée, un mouton bien gardé et un pré carré gardé par un fermier hargneux et sourd qui tient fusil toujours chargé.

Pourtant, un grand nombre de ces damnés autoproclamés et de ces professionnels de l’indignation sur Twitter reprochent à autrui ce qu’autrui n’a pas fait factuellement, mais ce qu’eux font bel et bien. Ils utilisent la grande escroquerie de l’inversion accusatoire. Une technique bien connue des touristes détroussés par un pickpocket à qui l’on rétorque qu’ils étaient « trop voyants » ou ont « trop étalé leur argent« .

Illustrons ce propos avec trois exemples (arbitraires) de cas médiatisés qui témoignent de cette inversion accusatoire.

Le plus récent : l’affaire Pépita, faux antiracistes mais vrais racistes

Le 1er avril dernier, l’émission Canap95 diffuse des images d’archives de programmes télévisuels datant de 1995. Parmi les séquences diffusées, les gardiens vigilants de Quotidien remarquent une séquence. Aussitôt, l’oisive sphère et son contingent « antiraciste » éructent sur Twitter : d’après eux, Pépita est victime de racisme dans cette séquence.

Le tweet de l’émission Quotidien du 30 mars 2021 (capture d’écran Twitter).

Problème : interrogée quelques jours plus tard par Cyril Hanouna dans TPMP, Pépita explique être l’auteur de la plaisanterie remarquée la comparant à un singe sur une photo. « C’est même moi qui, en coulisses, avais dit « On dirait moi ». On en riait entre nous, de bon cœur.  » Et l’ex-hôtesse du jeu Pyramide de continuer : « S’il y a un endroit où je n’ai jamais vécu le manque de respect, la misogynie ou le racisme, c’est sur le plateau de Pyramide« .

Sur Twitter, c’est la stupéfaction totale : quoi, une personne noire ne se définit pas comme une victime ? Un individu de type subsaharien est donc capable de penser par lui-même hors du cadre essentialiste que l’on cherche à lui imposer ? Pis, Pépita ose même nous brocarder pour avoir cherché à la défendre sans avoir vu les séquences complètes ni cherché à recueillir son sentiment ? C’en est trop pour les militants antiracistes autoproclamés ! La réaction de l’intéressée les fait sortir du bois. « Négresse de maison« , « bounty » : les insultes fusent, qui ramènent toutes Pépita à sa couleur de peau parce qu’elle tient un discours différent et a refusé l’assignation à résidence en raison de sa couleur de peau.

Les mêmes qui essayaient la veille de la rallier à leur cause se rendent coupables, sans y réfléchir une seconde visiblement, de ce dont ils accusaient autrui ; à savoir, un racisme extrêmement violent. Racisme selon lequel un noir devrait toujours penser comme on lui dit de penser.

On remarque au passage également que l’inversion accusatoire repose souvent sur une distorsion sémantique. Ainsi, les militants « antiracistes » sont en fait trop souvent des racistes avérés. Ils perçoivent les individus uniquement en se fondant sur la couleur de leur peau : un blanc est un oppresseur parce qu’il est blanc ; un noir est une victime parce qu’il est noir ; un jaune ne les intéresse pas, parce qu’ils ne sont pas assez gueulards ou menaçants.

Rappelons ici une définition du racisme : « Attitude d’hostilité pouvant aller jusqu’à la violence, et de mépris envers des individus appartenant à une race, à une ethnie différente généralement ressentie comme inférieure. » Les antiracistes sont bien souvent de grands racistes, mais à l’encontre des blancs. Et à l’occasion, ils ne dédaignent pas de se faire un noir lorsque celui-ci refuse le cadre de réflexion marxo-racialiste étriqué qu’ils cherchent à lui imposer.

Ce cas très commenté fournit un remarquable exemple d’inversion accusatoire : en 24 h, un militant antiraciste autoproclamé devient un authentique raciste. Sans que Twitter censure le moindre compte. Sans que Quotidien, pris en plein délit de paternalisme racial, fasse son mea culpa.

Le plus glauque : elle invente des faits car elle ne voit pas ceux qui ont réellement lieu

La fameuse (fumeuse ?) interview de Caroline de Haas dans L’obs en février 2018 (capture d’écran).

Autre période (2018), autre cause (féminisme). En 2018, la militante féministe Caroline de Haas accorde une interview à l’Obs. Sans doute galvanisée par le mouvement #metoo, elle y assène un chiffre saisissant : selon elle, « un homme sur deux ou sur trois est un agresseur« . En l’absence de la moindre donnée corroborant ces propos, les réseaux sociaux prennent violemment à partie la cofondatrice d’Osez le féminisme. Lasse, celle-ci ferme ses comptes sur lesdits réseaux quelques jours après, se disant « fatiguée de ces violences« . Celle qui qualifie extrêmement violemment 50 % à 67 % des humains de sexe masculin d’ « agresseur » se plaint de « violences« .

Mais Caroline de Haas ne fait pas que produire des chiffres farfelus : elle dénonce en prime régulièrement une supposée « culture du viol », culture qui se développerait sous l’ombre protectrice du secret : « l’omerta la plus totale règne dans le monde de l’entreprise« , explique Caroline de Haas.

Celle qui fut secrétaire générale du syndicat étudiant UNEF de 2006 à 2009 n’a cependant vu aucun viol ou d’agression sexuelle au sein du syndicat qu’elle dirigeait. Toujours prompte à marquer au fer rouge « les hommes » sans nuance, elle fut frappée de cécité tandis que plusieurs femmes se faisaient agresser sexuellement dans le cadre d’activités syndicales sous son règne. Si l’on suit sa rhétorique, elle est par son silence partie prenante de cette culture du viol et de l’omerta.

(Re) mise en cause, l’intéressée se défendait ainsi : « Il y a 10 ans, je n’étais pas une militante contre les violences sexistes et sexuelles. J’étais une femme, une victime de violences, qui n’était pas formée pour détecter les violences dans mon entourage. » Manque de formation : une explication satisfaisante dans son cas, mais une faute grave dans le cas d’autrui. Encore une fois, un Fouquier-Tinville d’opérette commet les fautes dont il accuse autrui.

Heureusement, Caroline de Haas a fondé Egaé, une agence de conseil en égalité professionnelle qui dispense des formations de sensibilisation à l’égalité des sexes. « Egae, c’est environ 60 % d’interventions pour des organes publics et 40 % dans le privé« , explique Mme de Haas. De là à faire le lien avec sa critique visant le budget supposément insuffisant du plan gouvernemental contre les violences faites aux femmes (420 M€ en 2018), il n’ y a qu’un pas. Non contente de maîtriser l’inversion accusatoire, il semblerait que Caroline de Haas utilise à la perfection la dialectique du geignard pour servir ses intérêts financiers.

Le plus alambiqué : Kellogg’s face à une ancienne députée anglaise

Article de la BBC relayant l’information le 16 juin 2020 (capture d’écran).

Stupeur et tremblements : en juin 2020, une ancienne députée anglaise remarque un fait qui la trouble. La mascotte des céréales Coco Pops est un « singe » alors que les personnages emblématiques des céréales Rice Krispies sont d’après elle « trois garçons blancs« . Dans son tweet, Fiona Onasanya pratique même le sous-entendu : le singe est accolé à des céréales « marron et au goût chocolaté« .

J’avais déjà décortiqué le procédé d’inversion accusatoire dans cet article. « On a une femme noire qui, dès qu’elle voit un singe illustré façon cartoon, trouve ça raciste. Pour cette personne, le lien entre le singe et un homme noir est indéniable : pour elle, le singe fait tellement penser aux noirs que c’est raciste. Un rapprochement qui est pour le coup authentiquement raciste.« 

Complexe d’infériorité ? Besoin de reconnaissance médiatique en utilisant une cause consensuelle qui minimise la prise de risque ? Voici en tout cas un cas fort cocasse d’inversion accusatoire. Mme Onasanya aurait dû sortir sa carte « victime de racisme » lorsqu’elle est allée en prison pour excès de vitesse et pour avoir menti à la police. Nul doute que la justice, tétanisée par cette accusation comme Superman face à de la kryptonite, aurait tergiversé.

Conclusion : l’inversion accusatoire, une stratégie mise à nu

L’inversion accusatoire est, avec la dialectique du geignard (voir l’épisode 1), une autre corde à l’arc de la victime autoproclamée (que l’on prendra bien soin de distinguer de la victime effective). Un moyen naguère puissant pour réduire au silence vos détracteurs, terrorisés à l’idée de passer pour des opposants aux valeurs dominantes de la société occidentale, par exemple l’antiracisme ou l’égalité des sexes. Pour cela, il vous faut des relais puissants, capables de fabriquer l’opinion publique : personnel politique, médias, people, etc. Sans eux, vous resterez un marginal lanceur d’anathèmes.

L’inversion accusatoire est cependant une technique à double tranchant : en accusant les autres, vous leur donnez une raison de vous accuser à votre tour pour se défendre. En vous plaçant en accusateur, vous vous placez au-dessus de la mêlée et vous vous drapez d’une morale intransigeante : on attend logiquement que vous en soyez le pratiquant le plus intègre. C’est pourquoi l’inversion accusatoire est souvent associée à une indignation à géométrie variable : ce n’est pas grave si c’est moi, je ne savais pas ; c’est impardonnable venant des autres, quels que soient le contexte ou les explications données.

Enfin, l’inversion accusatoire fonctionne bien sur des personnes crédules. Convaincues par vos soins d’être déviantes, ces personnes seront ensuite autant de clients potentiels pour vos produits et services de rééducation.

Revue de tweets et de presse (novembre 2020)

Novembre nous a encore une fois réservé de belles surprises dans la presse, et sur Twitter ! Amour de son prochain, argumentaires lucides, informations essentielles sont au programme de cette revue de presse et de tweets !

CNews et le pubis d’une navigatrice

CNews relaie une information essentielle le 15 novembre (capture d’écran Twitter).

On commence avec CNews, qui a relayé via Twitter un article à haute valeur ajoutée le 15 novembre. Le titre du forfait : « Vendée Globe 2020 : Clarisse Crémer s’est brûlé le pubis avec son thé« . Si l’information peut paraître amusante, elle stimule vaguement l’instinct de voyeur de l’audience par le biais assez inintéressant.

Cette publication pourrait être anodine : elle incarne pourtant à mes yeux l’une des raisons de la défiance du public à l’endroit des médias. Ces derniers ont trop tendance à privilégier des contenus faisant le « buzz » et qui en appellent aux instincts primaires (le minou d’une femme) de leur audience.

Ici, aucune valeur ajoutée : la brûlure en question n’a aucune incidence, dixit la navigatrice. À la décharge de CNews, c’est Clarisse Crémer elle-même qui a publié une vidéo où elle explique sa mésaventure.

Mais la même question revient, inlassablement : la multiplication des moyens de diffusion rend-elle tout propos intéressant ?

Le pseudo-féminisme et ses arguties stériles

Novembre a aussi été l’occasion de lire un florilège d’articles consacrés à des thèses néo-féministes extrêmement argumentées et logiques. Attention : nous parlons ici d’une vache sacrée du « progressisme ». À vous de juger si ce genre de combats améliore réellement la condition féminine !

Pour le NouvelObs, le mot « humanité » est une nouvelle violence faite aux femmes

C’est un travail de forçat que Fabrice Pliskin a commis le 13 novembre pour le NouvelObs ! Dans son article intitulé « Pourquoi le mot « humanité » dénie toute humanité aux femmes« , l’auteur n’y va pas par quatre chemins. Pour lui, « le mot humanité conspire contre la féminité et […] il dénie toute humanité aux femmes. » De là à envoyer les académiciens au tribunal pour incitation à la haine et au génocide, il n’y a qu’un pas. Le combat était urgent : on pouvait compter sur le NouvelObs pour en être le héraut !

Le NouvelObs met à jour un nouveau crime systémique (capture d’écran Twitter).

Dans une analyse étymologique extrêmement poussée, l’auteur découvre que le mot « humanité » a pour racine le mot latin « homo« , qui désigne selon lui « lhomme, tout l’homme et rien que l’homme« . Cette violence verbale ferait pâlir Éric Zemmour lui-même !

Centré sur l’origine du mot « humanité« , Fabrice Pliskin feint d’en ignorer l’une des acceptions largement répandues, qu’il rappelle pourtant au début de son article en détaillant les sens du mot du mot « homme » : « l’homme au sens générique, universel.« 

Ici, les mots savants et une recherche étymologique et sémantique intéressante sont détournés au service d’une cause déjà trouvée. Comme tout bon idéologue, l’auteur fait coïncider les faits avec sa thèse, déjà écrite. Il masque la pauvreté des idées par l’abus de jargon. Avec une brillante conclusion : il faut « déboulonner le mot humanité et le bannir à jamais« .

On attend donc en guise de chute sa géniale trouvaille lexicale pour suppléer cette insoutenable violence : en vain !

Le Monde et les contradictions du féminisme

Jamais en retard d’une croisade essentielle à l’égalité de tous contre tous, Le Monde publiait le 9 novembre un article dans sa rubrique « Sciences » (ça ne s’invente pas). Le titre : « Il y a 9 000 ans, des femmes chassaient dans toute l’Amérique« .

Xéna la guerrière… mais en robe rose (capture d’écran Twitter).

Le pitch : des chercheurs ont trouvé au Pérou un squelette féminin accompagné d’armes de jet. Mus par une quête assoiffée de vérité, les auteurs d’une étude relayée dans l’article se sont rendu compte que certains chasseurs étaient des femmes. Découverte incroyable : hommes et femmes peuvent exercer les mêmes activités ! Qui, à part un odieux phallocrate patriarcal cisgenre, aurait pu en douter ?

On notera au passage que les « progressistes », si soucieux des genres, n’hésitent pas à les attribuer arbitrairement lorsque cela sert leurs intérêts : qui vous dit qu’elles se sentaient femmes ? Il ne faut pas confondre expression de genre et identité de genre ! On pourrait aussi discuter de la façon dont la notion d’échantillon représentatif est foulée aux pieds.

Mais le plus intéressant ici, c’est l’absence totale de logique des discours autoproclamés « féministes ». En 2017, LObs relayait complaisamment une vidéo de Nora Bouazzouni, auteur notamment de « Faiminisme ». Celle-ci y détaillait une thèse dont la légèreté des fondements scientifiques était inversement proportionnelle à sa reprise dans les médias éclairés : « Les femmes sont plus petites car elles ont été privées de viande depuis la nuit des temps« . Bon sang, mais c’est bien sûr !

Donc, elles savaient chasser, mais se faisaient tout voler par les vilains hommes ! Finalement, tout cela accrédite l’idée que les femmes sont des petites choses fragiles, un peu idiotes, et toujours victimes. Fortes et libérées, mais toujours victimes de tout depuis la nuit des temps : bienvenue dans le monde du vrai féminisme, où l’on n’est plus à une incohérence près !

Bonus : les femmes, ces michetonneuses

En bonus, un tweet hallucinant produit par une militante féministe :

Capture d’écran Twitter du compte de la militante « Afrofem » Kiyémis.

Donc, une militante féministe explique sans complexes que :

– Le sexe féminin contient une proportion notable de michetonneuses, qui ont besoin des hommes pour subsister.

– Plutôt que de dépendre d’un homme pour vivre, les femmes devraient dépendre de centaines d’hommes inconnus via les impôts. Une évolution notable !

– Le revenu universel, ou salaire à vie, est un moyen de s’émanciper de l’homme. C’est ignorer un peu vite la dépendance accrue à l’État, qui pourrait devenir coercitif sans complexes, puisque vous dépendriez totalement de lui pour vivre.

Pour rire, on s’abonne au compte Twitter ; pour la logique, l’analyse économique, et la vision respectueuse de la femme : on repassera.

Le racisme toujours aussi décomplexé : vous le financez

Le racisme continue à s’afficher de manière totalement décomplexée en novembre ! Ikea, médias publics français : en même temps, c’est vous qui le financez allègrement… Pourquoi se priver ?

« France Culture » et le respect des lois françaises

Une ode à la gentillesse et un concentré d’objectivité journalistique pour France Culture (capture d’écran / franceculture.fr)

La bien mal-nommée radio France Culture se lance avec succès dans le racisme décomplexé. Les contribuables français, eux, paient pour ça : c’est la fameuse « exception culturelle française » (cherchez le mot en trop).

Les faits : la radio de qualité lance une série sur les Républicains américains, sobrement intitulée « Free stupid white male« , soit « Stupide mâle blanc libre », en français.

Vous pouvez constater l’esprit frondeur et indépendant du média subventionné : alors que sa patronne Delphine Ernotte a récemment exigé encore plus de diversité dans les médias publics français (entendre : diversité de couleurs, pas d’opinions ni de classe sociale), France Culture parle pourtant encore des Blancs. Couillu !

On admirera au passage le viol total de la Charte de Munich, de l’article 1 de la Constitution française de 1958, ainsi que d’un bon nombre de lois hexagonales : mais c’est pour la bonne cause, pensez donc.

Il semblerait donc légitime et bien accepté de faire des séries de reportages intitulés « Violent idiot black males ». C’est noté !

Haro au racisme d’Ikea !

Nous concluons cette revue de presse avec une terrible nouvelle rappelant que lézeureléplusombres ne sont jamais loin.

Les faits : Ikea a retardé la sortie de son catalogue annuel (tout de même tiré à 200 millions d’exemplaires) en raison d’une photo jugée raciste. Ku-Klux-Klan ? Esclavagisme ? Ségrégation ? Pire ! La photo en question présente un jeune homme qui s’avère être Noir, s’apprêtant à monter une table basse Billy. Au dos de son T-shirt blanc (alerte Rokhaya Diallo !), l’inscription « 45 678 ». Et alors ?

Et alors, pour un employé du géant suédois, associer à un Noir à des numéros « pourrait rappeler les matricules visibles sur les uniformes des détenu·e·s américain·e·s, alimentant un stéréotype négatif sur la jeunesse noire« . Pour cette personne, un Noir présent sur la même image que des chiffres fait penser à un détenu : pour cette personne, un Noir est un détenu en puissance.

Bel exemple d’inversion accusatoire : vous faites un rapprochement extrêmement douteux, et vous en accusez les autres. Cela vous donne bonne conscience et vous confère la sensation d’être un humain éclairé. L’expiation low cost ! Associer un Noir à un détenu sans raison, ne voir que la couleur de peau : n’est-ce pourtant pas cela, le racisme ?

Le fin mot de l’histoire : Ikea s’est bien sûr servilement excusé, a juré ne vivre que pour la diversité, et a retiré la photo en question.

Bienvenue en Absurdie !

Marguerite Stern ne connaît pas sa langue

L’ineffable Marguerite Stern, fameuse « activiste féministe française » d’après Wikipedia, nous offre presque chaque semaine de bonnes occasions de rire. Penchons-nous aujourd’hui sur trois paragraphes extraits d’un de ses bouquins, et de ce qu’ils disent de son auteur.

Marguerite Stern est d’après Wikipedia une « activiste féministe française« . La prise de distance avec ces termes, induite par les guillemets, est nécessaire ici. Il est tout à fait possible de penser qu’en servant une juste cause de la pire des façons, M. Stern contribue à décrédibiliser le féminisme.

Marguerite Stern tweete beaucoup ; elle invective dans le métro, et se filme en train d’invectiver dans le métro ; elle rassemble des équipes pour dégrader des bâtiments avec des « collages » ; elle se raconte sans cesse dans des récits où le lyrisme bon marché le dispute à la rancoeur tenace envers les hommes et « la société » ; bref, Marguerite Stern est une combattante tenace, en guerre contre le patriarcat en voie d’extinction, mais muette dès qu’il s’agit d’autres cultures autrement plus patriarcales.

Marguerite Stern écrit aussi : elle écrit comme il se doit en écriture inclusive (mais exclusive pour les sourds, les aveugles, les dyslexiques, etc.). Parmi ses oeuvres, voici ci-dessous quelques paragraphes vibrants qui ont circulé sur internet.

Extrait d’un livre de Marguerite Stern

On ne sait s’il faut rire ou pleurer. Rire, parce qu’un adversaire rhétorique se décrédibilise tout seul avec constance ; pleurer, de ce que l’extrait révèle de la méconnaissance du français et de la logique élémentaires.

Contresens du mot « noues »

Le « noues » d’abord : en français, noues est malheureusement déjà pris. C’est le pluriel de « noue », un mot désignant au choix :

  • Une terre grasse, marécageuse, utilisée comme pâture.
  • Le bras naturel ou artificiel d’une rivière demeurant largement en communication avec elle par l’aval.
  • L’intervalle entre deux sillons où les eaux de pluie stagnent.

Admettons avec bonne foi que l’on peut féminiser ce pronom. En effet, de tels combats menés contre un ennemi imaginaire ou en voie d’extinction ne peuvent être le fait que de gens qui n’ont pas autre chose à faire. C’est-à-dire, de gens qui ne construisent pas des couvertures et leurs noues ; de gens qui ne connaissent pas la terre, mais le béton. Les gens qui produisent un travail spécifique utilisent sans doute le mot « noues » ; heureusement, ce n’est pas le cas de Marguerite Stern.

Un adverbe est invariable

Notons également qu’en français, un adverbe est invariable. Ni masculin ni féminin, c’est un mot qui complète ou altère le sens du verbe, de l’adjectif auquel il est joint ou de la phrase dans laquelle il est employé. En féminisant l’adverbe « implicitement« , Marguerite Stern montre qu’elle n’a pas compris le rôle grammatical de ce mot dans la phrase. Or, on apprend cela à l’école primaire. Ou au collège, si l’on a pris un peu de retard.

Le massacre du participe présent

Dans le texte, l’auteur utilise deux fois un participe présent : « accusante« , « faisante« . Un observateur attentif notera que Marguerite Stern a jugé bon de féminiser ces pauvres déclinaisons verbales qui n’en demandaient pas tant.

En effet, le participe présent peut être :

  • Utilisé comme un adverbe : il est dans ce cas invariable.
  • Utilisé comme un adjectif : il s’accorde dans ce cas en genre et en nombre avec le nom qu’il qualifie.

Dans cet extrait, le participe présent est deux fois utilisé comme un adverbe : il était donc totalement inutile de le féminiser, puisqu’il n’a pas de genre. On peut cependant reconnaître une certaine homogénéité à la faiblesse grammaticale : adverbes et participe présent, bien qu’invariables, sont bel et bien féminisés par notre serial killer de la langue française.

Des clichés flous

On notera aussi que Marguerite Stern a le courage de dénoncer « des militants d’extrême droite » qui « pointent du doigt les immigrés ou leurs descendants en les accusante d’être la source de toutes les violences commises par les femmes ». Mais de quoi parle-t-elle ? De qui parle-t-elle ? En employant l’article indéfini « des », elle noie ici le poisson et s’octroie une posture morale confortable à peu de frais. Vous n’aurez pas de nom, pas de zoom plus précis (réserve : il s’agit uniquement d’un extrait). La bonne vieille image éculée du facho au crâne rasé revient servir un propos creux.

Le « ils », qui désigne la masse informe « des hommes », est aussi vague que le terrain du même nom. La dénonciation sans prise de risque, la généralisation sans nuance : une habitude !

Enfin, en parlant des hommes qui « ne font pas leur part de tâches domestiques« , Marguerite Stern généralise à partir de sa propre expérience ou des récits de ses copines.

Imprécises, généralisantes, ces dénonciations floues ne galvanisent sans doute que ses pairs déjà prêts à la croire, que les gens déjà d’accord avec elle avant de la lire : c’est ce qu’on appelle le biais de confirmation, qui joue ici à plein. Marguerite Stern n’argumente pas, ne prouve pas, ne démontre pas : elle assène un propos général ne souffrant pas la contradiction. Point.

Un conseil : si jamais Marguerite Stern dit vrai, qu’elle source ses propos. Elle renforcera alors le poids de sa rhétorique, jusqu’ici assez légère pour s’envoler au moindre coup de vent.

Causalité défaillante

Enfin, l’auteur souffre d’un raisonnement défaillant se traduisant par une causalité totalement loufoque. Cela rend son texte difficilement compréhensible pour un lecteur doté du minimum syndical de logique.

Si l’on suit bien son propos, elle développe la thèse suivante dans les deux derniers paragraphes :

  • Il y a un couvre-feu pour les femmes passé une certaines heure. « Le harcèlement s’intensifie » et les femmes sont moins présentes« .
  • Une des deux causes de cette situation est que les hommes « mettent les femmes dans des situations d’insécurité encore plus grandes une fois la nuit tombée« .

En résumé : il y un couvre-feu pour les femmes car il y a plus de harcèlement dans la rue passé une certaine heure. La raison en est le harcèlement plus grand une fois la nuit tombée. Dans sa logique, une chose est à la fois sa cause et sa conséquence. Pour tourner en rond, ça tourne en rond !

Méconnaissance de la langue française, causalité défaillante, absence de ligne directrice, raisonnements fallacieux et généralisations abusives : un tour de force en 3 paragraphes écrits gros avec des mots simples.