« Des enfants ? Non merci ! » Courrier International consacre son dossier hebdomadaire à ces personnes qui ne souhaitent pas avoir d’enfant. Le magazine emboîte ainsi le pas à de nombreux médias qui s’intéressent de près aux childfree, comme on les appelle désormais. On constate systématiquement sur ce sujet une sous-représentation, voire une absence totale, des minorités. Étrange de la part de médias généralement très pointilleux dès qu’il est question de diversité !

Le monde occidental se distingue par un individualisme outrancier et une recherche du plaisir assez court-termiste, ce n’est un secret pour personne. Dans cette vision, avoir des enfants apparaît de plus en plus comme un frein à l’épanouissement de soi-même ou encore comme du militantisme écologique (sur la base du raisonnement « moins d’êtres humains = moins de pollution et de consommation« ). Si certaines générations ont moins procréé que d’autres à travers les époques, ce phénomène prend de l’ampleur et tente de s’institutionnaliser. Et les médias suivent, tentant d’expliquer ce paradigme culturel en donnant la parole à des personnes ayant choisi de ne pas avoir d’enfant, ou regrettant d’en avoir. Mais depuis plusieurs années, une fausse note fait entendre sa petite musique criarde dans ce type d’articles.
Chloé, Lisa, Clémence, Yves, Coralie, Virgile…
RTL Info Belgique cite Chloé qui refuse d’avoir des enfants à cause du changement climatique ; Le Point s’intéresse au mouvement GINK (pour Green Inclination, No Kids) ; Le HuffPost se penche sur ces Français qui ne feront pas de marmots pour faire face à « l’urgence écologique » (on cite les exemples d’Audrey, Yves, Coralie, Clémence, Caroline, Marion, Olivia…). Elle, Marie-Claire, France Info, Paris Match, France 2, Le Monde, France Inter, France Culture, Courrier International : la liste des médias est longue qui présentent, analysent et expliquent ce phénomène.
L’oeil averti remarque des éléments récurrents typiques du « progressisme » dans la plupart de ces articles :
- La plupart des childfree ont développé une croyance eschatologique de la fin du monde en raison de la pollution, de la surpopulation, et de la sur-consommation, etc. C’est la fameuse urgence écologique, étayée très souvent dans les articles par les études du GIEC. On retrouve là une vision angoissante et contraignante de l’écologie qui a le vent en poupe.
- L’épanouissement personnel est perçu comme une fin en soi, non comme un moyen de réaliser de bonnes, belles et/ou grandes actions. Voici un des leitmotivs de la société occidentale : l’individu-roi, qui n’existe que pour lui-même et ne conçoit pas de partager sa vie et son temps. L’égoïsme ou l’incapacité à élever des enfants sont alors justifiés par des plaidoyers pour le développement personnel.
- Un féminisme remettant en cause la biologie, la société (occidentale, cela va de soi), ou encore le personnel médical. Ainsi, plusieurs femmes citées désirent se soustraire à la pression sociale et à la valorisation de la femme-qui-travaille-et-élève-des-enfants ou citent les grossièretés subies par leurs connaissances lors de l’accouchement ou des échographies. En faisant le choix de ne pas avoir d’enfants, elles pensent s’affranchir de cette pression et faire un pied de nez aux attentes d’une société paternaliste et trop soucieuse des règles biologiques de pérennisation de l’espèce.
- Enfin, on remarque une nette propension à la victimisation chez les témoins interviewés, qui va de pair avec une auto-satisfaction narcissique de leur choix de vie, qui serait le seul raisonnable. Faire un choix ne leur suffit pas, ils souhaitent que cela se sache, et que leur engagement écologique soit applaudi comme il se doit. C’est pourquoi ils donnent des leçons aux lecteurs ou à leur entourage.
Mais alors, quelle est la note criarde qui trouble cette mélodie responsable ?
… mais aucune trace de la diversité heureuse !

Cette note dissonante, c’est l’absence quasi-totale de diversité : l’immense majorité des témoins a la peau blanche et porte des prénoms traditionnellement européens ou anglo-saxons. Un comble, alors que certains des médias cités plus haut se font les plus dévoués zélateurs de la diversité, du vivre-ensemble, voire de la créolisation à longueur d’articles et d’éditoriaux !
Les illustrations choisies parlent d’elles-mêmes : des jeunes femmes caucasiennes, des dessins de femmes caucasiennes, un homme blanc, un couple blanc. Aucun Mohamed, pas de Fatoumata, nada, que dalle, tchi ! On peut donc émettre trois hypothèses :
- Soit la diversité (euphémisme de la langue médiatique pour désigner au quotidien les Français d’origine africaine) fait des enfants, et montre par là un égoïsme environnemental coupable dont il n’est curieusement jamais question.
- Soit les journalistes n’ont pas interrogé ladite diversité sur le sujet, faisant montre d’un racisme nauséabond.
- Soit les articles ont en fait une autre visée, celle de rendre acceptable l’idée selon laquelle les occidentaux ne doivent plus faire d’enfant.
Cette dernière supposition est la plus solide, pour plusieurs raisons. D’abord, les mêmes journalistes et médias qui encouragent la diversité l’invisibilisent systématiquement sur le sujet de la parentalité refusée : ce n’est pas une simple distraction de journaliste, mais un choix délibéré.
Ensuite, les personnes citées invoquent la démographie humaine galopante pour justifier leur choix. Pourquoi alors ignorer (ou omettre de mentionner) que l’Afrique verra sa population doubler d’ici 2050 (on passera alors à 2,5 milliards d’habitants sur le continent africain) ? Leurs leçons concernant les Européens des villes ne sont visiblement pas assez universelles pour inclure des pays où chaque femme a en moyenne 6 ou 7 enfants dans sa vie. Les journalistes n’y pensent pas davantage… mais n’oublient pas de faire parler des personnes pour lesquelles l’adoption est un compromis idéal entre souci écologique et désir d’enfant. Ouf : la diversité et l’immigration sont de retour !
Les ficelles sont grosses
En fait, la plupart des articles sur le sujet s’inscrivent dans la ligne éditoriale des médias qui les produisent. Une ligne éditoriale très -trop- souvent calquée sur les dérives féministes, racistes, écologistes, qui empoisonnent la société occidentale dans son ensemble. Rappelons ici que si le phénomène décrit semble bien réel, sa reprise dans de multiples articles et reportages ces dernières années participe à son entrée dans les moeurs et à sa banalisation (voir la fenêtre d’Overton).
« Ils ont choisi de ne pas avoir d’enfants« , n’est pas le sujet : le sujet, c’est de pousser encore une fois les occidentaux blancs à se faire petits, à laisser la place en adoptant, à battre leur coulpe, à changer leurs moeurs, en somme : à disparaître. Les incohérences relevées prennent alors tout leur sens : pour eux, c’est « no future« .
La démographie est pourtant un sujet autrement plus sérieux.
Un article également publié sur Causeur.fr : cliquez ici.