La « terreur » de Black Lives Matter : la volonté de domination derrière la plainte victimaire

Le mouvement joue la carte de l’émotion pour poursuivre son objectif : le désarmement de la police américaine. Une revendication éminemment politique, qui laisserait le champ libre à ses membres les plus virulents ou opportunistes.

Capture d’écran des tweets (compte Twitter officiel de Black Lives Matter).

Nouvelle campagne de communication pour Black Lives Matter ! Le mouvement commençait un peu à retourner à l’anonymat après sa grande épopée de 2020 : même des footballeurs noirs en avaient assez de s’agenouiller avant un match. Il fallait y remédier.

Mettre fin au programme 1033…

Sur son compte Twitter officiel, le mouvement est donc passé à l’offensive le 20 avril dernier. Sa cible : le programme 1033. Communiqué de presse, tweets : BLM demande clairement à Joe Biden de mettre fin à ce programme logistique géré par le « Law enforcement support office« .

Datant de 1943, le programme 1033 a aujourd’hui pour but de permettre le transfert d’équipement militaire excédentaire aux forces de l’ordre locales, « y compris à la police présente sur les écoles et les campus universitaires« , d’après BLM. Il peut s’agir d’armes, mais plus fréquemment de matériel du quotidien tel que des « cafetières, des fils électriques et conteneurs« , comme l’indique le Washington Post.

… ou éliminer progressivement la force publique ?

Est-ce un fantasme paranoïaque teinté d’un complexe de supériorité ? Ceux qui dictent les tweets et communiqués au nom du mouvement croient-ils réellement que l’on achemine des têtes nucléaires et des grenades par milliers pour contenir la terrible menace qu’ils représenteraient ? Non : ils font semblant de le croire. Ils disent leurs « communautés plus terrorisées qu’elles ne l’étaient sous Trump » (voir tweets ci-dessus).

La suite de leurs déclarations du 20 avril éclaire leur revendication réelle. Le communiqué appelle en effet Joe Biden à « démilitariser » la police, enfonçant même le clou : « Aucun chef responsable ne devrait augmenter la quantité d’armes à laquelle la police a accès » (« No responsible leader should be increasing the weapons police have access to« ). C’est l’objectif réel poursuivi par BLM ; le programme 1033 n’est qu’un vieux coucou utilisé pour l’occasion.

Depuis son acmé en 2020, BLM tente en effet d’obtenir le désarmement total de la police américaine. Dans les manifestations, cela s’est traduit par la scansion du slogan « Defund the police » (littéralement « retirez des/les fonds alloués à la police« ). À force de pressions obtenues par la coercition, le chantage à la victimisation et au racisme, et avec le soutien d’une bonne partie de la classe médiatique américaine et mondiale, Black Lives Matter a même obtenu satisfaction de la part de plusieurs grandes villes américaines.

Les conséquences du désarmement de l’autorité dans le contexte social américain

Désarmement ou baisses drastiques de budget : la police ainsi rendue impuissante ne peut exercer ses prérogatives aussi facilement ni aussi rapidement. Comme le montre Le Point en février 2021, « les crimes graves, et tout particulièrement les meurtres, ont récemment explosé aux États-Unis, et ce malgré le confinement de la population.« 

Déjà en août 2020, une analyse du Wall Street Journal relayée par L’Opinion ne disait pas autre chose. La hausse des homicides avait alors atteint 24 % depuis le début de l’année. Si l’obéissance des pouvoirs publics à BLM n’est sans doute pas la seule cause de cette situation, on peut sans nul doute imaginer que cela a pesé dans la balance. Les « terrorisés » sont en fait des élus qui craignent pour leur réelection et leur annulation sociale sous le double effet de la pseudo-culture woke et du climat social extrêmement tendu.

L’un des objectifs poursuivis par BLM est donc éminemment politique, puisqu’il attaque sans relâche le droit pour un État souverain d’avoir une force dédiée au respect de ses propres lois. On est bien loin de la simple justice sociale : BLM ne questionne plus les pratiques de la police américaine, mais souhaite la désarmer et in fine, la rendre impuissante. Dans quel but exactement : prendre le pouvoir ?

Conclusion : BLM, un mouvement qui trompe ses propres membres

Parmi les militants de BLM, beaucoup sont sans doute réellement désireux de davantage de justice sociale. Disons-le clairement : ils sont trompés et humiliés par ceux-là mêmes qui disent les défendre.

En disant : « Nos communautés sont plus terrorisées qu’elles ne l’étaient sous Trump« , BLM commet d’abord une triple faute : réduire les noirs à des « communautés » homogènes dont chaque membre n’aurait pas ses pensées propres, déniant par là la possibilité à une être humain noir de se faire ses propres opinions ; remettre au goût du jour le racisme authentique en triant les gens par la couleur de leur peau (les « communautés » sont évidemment des communautés ethniques). Le pronom possessif « nos » laisse d’ailleurs peu de place à l’ambigüité : les militants de BLM et leurs pensées appartiennent au mouvement, qui adopte la posture du bon pasteur dirigeant ses ouailles. Enfin, BLM joue la carte victimaire en employant l’adjectif « terrorisées« , réduisant encore une fois ses membres à des êtres impressionnables et paranoïaques. Pour des gens qui pérorent sans cesse sur une prétendue « fragilité blanche« , l’inversion accusatoire est de taille.

Au bout du chemin, la vie change peu pour les noirs américains, et ce ne sont pas quelques donations très médiatisées ou la reconnaissance de culpabilité de Derek Chauvin qui changeront la donne pour l’immense majorité d’entre eux. Le danger suprême, c’est de mourir brutalement : or 90 (d’après Libération) à 93 % (d’après Jean-Loup Bonnamy) des noirs sont tués par d’autres noirs aux États-Unis. En s’attaquant sans cesse aux blancs, BLM néglige par exemple ce malheur au sein de « ses communautés ».

Dans un État dont le second amendement garantit le droit pour chaque citoyen de s’armer, le rapport de forces serait en faveur du plus armé.

Disons-le et répétons-le : BLM est un mouvement de justice sociale désormais dévoyé et authentiquement raciste. Il souhaite désarmer l’État américain dans une volonté de suprématie politique et ethnique. Les quelques avancées qu’il a permises sont désormais occultées par des revendications politiques. Qui ne cesseront sans doute que lorsqu’elles deviendront un programme politique appliqué à la lettre.

Soul de Pixar et l’obsession de Madmoizelle.com pour la couleur de peau

Le premier film Pixar dont le héros est noir, une avancée dans la représentation de ce qu’on appelle les « minorités » ? Pas tant que ça pour la rédactrice en chef de Madmoizelle.com. Dans un article paru le 7 janvier, Mymy Haegel se demande en effet « pourquoi les personnages noirs de Disney/Pixar ne restent-ils jamais humains ? ». Une question qui restera sans réponse, et permet à la journaliste d’enchaîner contresens et paradoxes.

Capture d’écran de l’article sur le site de Madmoizelle.com

L’article part du postulat selon lequel les personnages noirs de Disney/Pixar ne restent « jamais humains« . Mais l’auteur n’y répond pas à la question qu’elle pose. Tout au plus fait-elle le rapprochement avec La Princesse et la Grenouille, dans lequel l’héroïne noire, Tiana, prend la forme d’une grenouille pendant une bonne partie du film. Elle finit même par concéder que « tous les personnages racisés ne subissent pas le même destin » dans les films d’animation. Poser une question et produire une réponse qui démontre la vacuité de cette question : logique implacable.

En passant au crible des interviews du coréalisateur Kemp Powers, accessoirement afro-américain, on constate que celui-ci parle de beaucoup de choses, mais pas de la couleur de peau de son personnage. Il n’en fait visiblement pas un choix militant, contrairement à plusieurs médias ayant dédié un article au film. Pour Powers, le film parle du fait qu’on est « en train d’improviser notre vie, qu’on ne suit pas un scénario« .

Dans une interview à Slate, il exprime même un point de vue totalement différent de Mymy Haegel : « I think that you can always find that the themes of the film, the themes of any film like this, know no race » (« Vous pouvez toujours savoir que les thèmes abordés par le film, les thèmes abordés par n’importe quel film comme celui-ci, ne connaissent pas la race« ). Et de préciser : « You don’t have to be a Mexican to enjoy Coco. You don’t have to be Italian to enjoy The Godfather. You shouldn’t have to be Black to enjoy Soul. » (« Il n’est pas nécessaire d’être Mexicain pour apprécier Coco, ou d’être Italien pour apprécier Le Parrain. Vous n’avez pas à être noir pour aimer Soul. »).

Une vision plutôt centrée sur l’histoire, l’au-delà et le jazz, donc. Et un bel universalisme, en prime.

Le coréalisateur, moins racialiste que Madmoizelle…

Les considérations narratives et esthétiques du film de Kemp Powers contrastent étrangement avec celles, racialistes, de Madmoizelle, qui refuse de voir qu’un film peut simplement être un objet de distraction et non pas un manifeste en images dès lors qu’un personnage noir y apparaît.

Mymy Haegel enchaîne alors les généralisations dans son article, réduisant à plusieurs reprises tous les individus noirs à un groupe uniforme pouvant s’identifier à un seul personnage : « Soul est aussi l’occasion de permettre à tout un public, sévèrement sous-représenté dans le cinéma d’animation, de se reconnaître dans un héros qui leur ressemble : Joe Gardner. » Exit les disparités géographiques, économiques, musicales même.

Si elle nuance avec justesse son propos en expliquant que « les personnes appartenant à des minorités sociales méritent de ne pas se voir représentés que par le prisme des discriminations qu’elles subissent« , elle estime que « le long-métrage aurait pu représenter une réalité plus proche de la vie des vrais hommes noirs dans le New York du XXIe siècle. » Vous ne rêvez pas : une Française blanche diagnostique que ce film ne représente pas la vie des « vrais hommes noirs » de nos jours à New-York. Attention à l’appropriation culturelle ! Si Mymy Haegel connaissait un peu la vie des hommes noirs new-yorkais, elle se rendrait sans doute compte qu’il existe autant de parcours différents que d’hommes, fussent-ils noirs ou blancs.

… qui se fond dans l’air du temps sans plus de réflexion

Finalement, le point de vue développé par l’article reprend tous les clichés du courant bien mal nommé « progressisme« , autrement dit le racisme moderne, mais au nom du Bien.

Interviewée dans l’article, la critique de films et journaliste Claire Diao ne répond pas non plus à la question posée par le titre de l’article. Ce dernier est un prétexte pour débiter encore une fois la vulgate victimaire et ressasser son obsession pour la couleur de peau des gens. La franco-burkinabé croyait « voir un film sur les afro-américains, avec de la musique afro-américaine, des voix afro-américaines, des éléments de la culture afro-américaine » ? Elle se rend compte qu’au final, « ce n’est pas la direction du projet. » Eh oui : les films avec des personnages noirs peuvent faire mieux que simplement « célébrer l’expérience d’un homme noir et se focaliser sur ses rêves, ses désirs« . Des hommes noirs peuvent aussi connaître de merveilleuses aventures dans des fictions animées.

Pour Claire Diao, « quand les personnages racisés perdent leurs identités, le public perd une opportunité d’absorber des leçons importantes et d’observer d’autres réalités. » Quelles réalités ? Mais « le racisme ou le sexisme systémique« , pardi ! La critique de films égrène sa doxa, complaisamment recueillie par Mymy Haegel : on ne peut parler des noirs sans parler du racisme dont tous seraient victimes. L’idée de noirs dirigeant leur vie comme des adultes est inaccessible à certaines personnes. Et de s’adonner à un vague exercice de comptage de films d’animation contenant des personnages noirs, aussi gênant que celui réalisé par Aïssa Maïga lors de la soirée des Césars en 2020.

L’habileté de la journaliste et de l’interviewée, c’est qu’elles savent très bien que ce racisme se fond parfaitement dans l’air du temps. Si l’on remplaçait le mot « noir » par « blanc » dans leurs phrases, beaucoup de gens seraient choqués -à juste titre.

Conclusion

Finalement, l’article de Madmoizelle ne répond pas à la question qu’il pose ; présente des questions et enchaîne des réflexions authentiquement racistes ; recueille uniquement les propos de tenants du « progressisme », sans opinion divergente.

En somme, cet article souffre d’un angle peu pertinent, d’une absence de contradiction (ou de trop grandes contradictions, par exemple avec les propos de Kemp Powers lui-même), et d’une trop grande proximité avec des thèses répandues et prémâchées.

Les avis avant les faits, et peu importe le rapport entre les deux.

N.B. Nous prenons ici l’acception du mot « racisme » le définissant comme une « idéologie fondée sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les groupes humains, les « races »« . Interviewés et auteur valident tout au long de l’article la théorie de la hiérarchie entre les races : les blancs au dessus car dominants, les noirs victimes des premiers.