Pensées de Paris

Publicités, Covid, appropriation culturelle : de retour de Paris où j’ai donné un cours, quelques observations sur le vif…

Photo : Libres Paroles

Une publicité singulière

Arrivée gare Montparnasse. Sur un écran (on ne sait s’en passer désormais), une publicité pour une banque claironne « La singularité, c’est s’affranchir de la pesanteur des conventions« . Immédiatement après s’affiche le logo de la banque accompagné d’un gigantesque… QR Code ! En ces temps d’étiquetage massif de la population au moyen de ce code-barres smartphonesque, on a vu plus singulier.

Le militaire masqué

Dans la gare, un militaire déambule, fusil automatique au poing (probablement un Famas) , canon vers le bas. Cette image guerrière d’un soldat fort et armé est contrebalancée par la présence d’un masque sur son visage, qui lui donne l’air d’un vieillard hypocondriaque ou cacochyme. Je sais bien que c’est obligatoire -il doit faire partie d’un public très vulnérable au Covid-, mais l’alliance des symboles de la force et de la peur produisent un effet des plus saisissants.

Le consumérisme de la peur

Sur un écran (!), une autre publicité pour un produit d’hygiène ou sanitaire par une marque connue : « Votre nouvel allié dans votre routine contre le Covid-19« . Le pouvoir des mots est important : cette marque entérine une « routine« , comme si toute cette situation politique (pas sanitaire, politique) était normale et anodine. Comme si la peur d’un virus faisait partie d’un quotidien que personne ne songe plus à remettre en cause. La peur fait vendre, c’est bien connu ; peu importe que ce soit du PQ ou une crème. Quoiqu’il arrive, il y a toujours quelque chose à vendre pour les malins. Quitte à mobiliser la peur comme levier. L’argent, cet opium du peuple !

Les vêtements : tous pour un !

En sortant du train, je suis pris dans un flot dense de personnes marchant vers le bout du quai. L’attroupement moutonnier est en partie dû à ces barrières stupides que la SNCF aime à poser pour baliser la marche un peu partout. Perdu au milieu de mes semblables, je constate l’ironie des tenues vestimentaires. Après des décennies à nous matraquer que nos vêtements et notre style nous définissent et nous singularisent, le constat est sans appel : il y a environ 5 archétypes de looks féminins et le même nombre pour les hommes. De la chipie aux cheveux tirés et attachés singeant l’aisance financière façon Instagram au bobo baba-cool, de l’employé en costume au tout-survêtement, en passant par la mode -passablement informe- des adolescentes avec manteau cheap à effet mouton, nous sommes tous des stéréotypes. Personne ne se distingue, surtout moi.

Les nourritures traditionnelles

Nouvelle publicité, sur un panneau 4 x 3 le long du quai du métro cette fois. Une marque de nourriture surgelée vous vend « L’Asie dans votre assiette« . Mais alors, est-ce de l’appropriation culturelle ou pas ? Blague à part, il est amusant de constater qu’à l’heure où beaucoup de cultures se fondent dans une mondialisation uniforme, les folklores et traditions locaux d’antan sont maintenus (de plus en plus artificiellement) en vie par plusieurs marques, qui vous vendent une dose d’exotisme low cost à chaque bouchée avec des produits industriels surgelés.

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