Les influenceurs, ou la modernité du dinosaure

Ils ont éclos en utilisant des moyens modernes de communication (YouTube, réseaux sociaux, analyse de données), mais promeuvent des pratiques et comportements d’un autre âge…

Capture d’écran francetvinfo.fr

Prenons le top 3 des Youtubeurs français en 2022 : Squeezie organise une course automobile sur le célèbre circuit du Mans avec 21 autres « célébrités du net » ; Norman Thavaud (Norman fait des vidéos) vient de sortir de garde à vue dans le cadre de l’enquête le visant pour « viol et corruption de mineur » ; Cyprien a publié le 6ème épisode (6 !) de sa série « Les pubs vs. la vie« , dans laquelle on peut voir un certain nombre de marques.

Engins polluants, histoires de cul, omniprésence de matériel et de marques, arnaques : les stars de la génération née après 2000 n’ont rien inventé. Harvey Weinstein, placements de produits, matérialisme exacerbé : tout cela existait bien avant eux. À certains égards, ils ne sont que les continuateurs d’un monde dont bien des aspects sont discutables. Drôle de paradoxe de la part de la « nouvelle génération » !

Des VRP au rabais : le consumérisme, coûte que coûte !

L’influenceur, tel que le définit Larousse, est une « personne qui, en raison de sa popularité et de son expertise dans un domaine donné (mode, par exemple), est capable d’influencer les pratiques de consommation des internautes par les idées qu’elle diffuse sur un blog ou tout autre support interactif« . Une définition qui inclut la plupart des influenceurs, y compris ceux qui ne savent rien faire (montrer ses fesses ou vendre ses pets ne requiert aucune compétence). Qu’ils parlent de jeux vidéo, de mode, ou d’autre chose, la plupart des influenceurs ne sont rien d’autre que les VRP d’entreprises plus ou moins connues.

Le modus operandi est le suivant : se faire connaître (créer l’image et le marché), puis nouer des partenariats (contractualiser) avec des marques, et enfin vous refourguer la camelote : pizzas, produits de maquillage, vêtements, parfum, services web, etc. En somme, des pratiques commerciales antédiluviennes pour esprits incapables de faire la part des choses entre la réalité et l’image qu’on renvoie.

Zoom sur les influencés

Parmi ces influencés, on peut imaginer deux moteurs majeurs les poussant à suivre untel ou unetelle. Le premier, c’est la part de rêve : quand n’importe quelle greluche (quel que soit son sexe) arrive à se faire filmer dans des habitations luxueuses, au volant de véhicules rares, portant des vêtements de grand couturier, les plus jeunes fantasment devant l’opulence et les paillettes. Oui, une vie de luxe est facile ! Oui, l’argent peut tomber du ciel sans faire d’efforts ! Oui, je peux m’incarner dans ce physique de rêve ! Et tant pis si tout est loué ou prêté temporairement par des marques intéressées par leur visibilité commerciale : l’essentiel est de donner la part de rêve.

Deuxième moteur possible, l’identification. Les influenceurs savent créer une connivence aussi naturelle que factice : autodérision, tutoiement, vocabulaire simple mêlant français, franglais ou arabe, vêtements sportswear et meubles Ikea comme tout le monde, évitement des sujets de fond (société, politique), … Des égéries cool, qui ressemblent à ce que vous connaissez déjà ! Naît alors une forme de confiance, condition indispensable à l’influenceur pour gagner sa vie : ce produit est génial ! Clique sur ce lien, tu verras ! Je suis jolie, mais je suis proche de toi : j’utilise juste des astuces simples, comme ce fond de teint !

Les influencés sont pourtant les dupes de personnes qui connaissent bien les règles du jeu, et gagnent leur vie de ce qu’ils font. En fait, ils payent le salaire de leurs chouchous en cliquant sur des liens, en rentrant les bons codes promo, ou en achetant des produits parce qu’ils n’ont pas fait la distinction entre publicité et création artistique.

Mêmes marionnettistes, mêmes ficelles, mêmes marionnettes

Comment alors des influenceurs jeunes peuvent-ils bénéficier d’une aura « jeune », « cool », « hype », « branchée », et autres adjectifs flatteurs ? Ils ne sont bien souvent que l’adaptation d’une vieille industrie aux codes dominants, codes définis à la fois par les mœurs de l’époque et la technologie. Une industrie qui veut toujours vous vendre des merdes manufacturées à bas coût dont vous n’avez pas besoin. Une industrie qui vous parle de « responsabilité » et de « protection de l’environnement » le cœur sur la main, tout en vous vantant des trajets dans un avion plein de kérosène pour aller prendre les mêmes photos que les autres Instagramers aux mêmes endroits. On a le prestige social qu’on mérite, et tant pis si cela endommage le lieu en question à force de surfréquentation (Santorin, Machu Picchu, etc.).

Une industrie qui n’a pas changé son logiciel depuis qu’on a compris que le sexe est un des moteurs puissants de l’humanité quand il s’agit de vendre n’importe quoi. Finalement, les fashionistas à la vulgarité outrancière et agressive se servent de leurs seins et de leurs fesses pour vendre : rien n’a changé, sauf que l’élégance et la subtilité ont disparu. Tant pis s’il est de mauvais ton de le dire. On arrive ainsi à lire des curiosités : dernièrement, Le Figaro Madame nous a gratifié d’un article sur la supporter croate Ivana Knoll intitulé « Décolleté vertigineux et minijupe au stade : Ivana Knoll, la supportrice croate qui affole le Qatar« . On n’y apprend rien, sauf que la demoiselle se sert de son physique pour vendre des canettes de quelque chose -dans une tenue qui laisse peu de place à l’imagination, cela va de soi. Les boomers libéraux qui lisent Le Figaro ont sans doute été bien contents que leur canard leur propose ce lien, eux qui brûlaient de savoir la biographie détaillée de la jeune femme et ses opinions politiques.

Capture d’écran du profil Instagram d’Ivana Knoll

Bref, les influenceurs utilisent les mêmes ficelles que le commercial en porte à porte d’antan, et vous vendent le même way of life fantasmé que dans les années 50 : insouciance, argent facile, matérialisme superflu. Sous le vernis de la modernité apparaissent des dinosaures œuvrant pour l’éternité de l’Anthropocène, des relais efficaces d’entreprises se foutant finalement allègrement de l’environnement ou de la progression morale de l’individu. Ils donnent à voir toujours le même imaginaire de sexe, de publicités, de matérialisme, le même humour consensuel et fondé sur une observation pseudo-sagace ou décalée des banalités du quotidien. Ils sont les maillons d’un système qui ne change absolument pas, dans lequel on parle désormais de « consommer mieux » ; mais qui ne remet jamais en cause la consommation comme rapport au monde, aux choses, aux autres.

Oui, les influenceurs sont des fossiles du monde d’avant. Et ce monde se battra pour continuer à exister ; fût-ce contre la logique, la protection de l’environnement, l’évolution et l’adaptation aux réalités du monde.

À vous d’oser penser par vous-même : sapere aude !

Démocratie par la peur : quelques pistes pour résister intellectuellement

« Celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes« : Macron, Poutine et consorts ont bien assimilé cette maxime de Machiavel. Heureusement, il reste au citoyen des pistes pour résister et construire sa pensée.

Le Voyageur contemplant une mer de nuages, tableau de Caspar David Friedrich.

Gilets jaunes : 353 personnes blessées (dont 30 éborgnées), une répression digne d’un printemps arabe raté, la population choquée. Covid : décompte macabre du nombre de morts, privation de libertés au nom de la responsabilité (avec des arguments du type « vous pouvez tuer des gens en sortant de chez vous« ), flicage mutuel des citoyens entre eux, ambiance de trouille et de délation (lire notre article en trois parties sur le sujet). Rentrée 2022 : « fin de l’abondance et de l’insouciance » -c’est vrai qu’on se marrait tous les jours jusqu’ici-, crise énergétique. Et toujours, les pénuries de PQ.

Pendant ce temps, Xi Jinping assoit sa domination sur 1,4 milliard de Chinois et Vladimir Poutine, isolé, agite la menace de l’utilisation d’armes nucléaires dans sa guerre express ratée en Ukraine. Les mollahs répriment durement les manifestations en Iran. Votez pour moi, sinon c’est la guerre civile ! Ne vous mettez pas en travers de mon chemin, ou j’appuie sur le bouton rouge ! Attention, je vais frapper ! Entendez-vous le bruit des bottes ? La rhétorique de la peur s’empare à nouveau d’une bonne partie du monde, incluant le sacro-saint cénacle de la démocratie occidentale.

Les hommes méritent leur tyran : La Boétie l’avait compris il y a longtemps. Mais que peuvent faire les citoyens qui refusent ce jeu de la terreur et tiennent à garder le contrôle de leur âme, de leur raisonnement, et leur intégrité morale et intellectuelle ? Voici quelques pistes, que je pratique franchement, en tentant d’éviter les excès. L’objectif : retrouver une certaine indépendance comportementale et d’idées quand votre environnement tente de vous ramener à vos peurs ataviques.

Informez-vous

Premier conseil : informez-vous ! Encore faut-il définir ce que signifie s’informer. Informer, cela vaut dire aller à la recherche de l’information, et rassembler des informations sur un même sujet. Oui, les réseaux sociaux et les pure players sont utiles pour avoir un résumé des faits. Mais Facebook, LinkedIn, YouTube, etc. fonctionnent grâce à des algorithmes qui détectent ce que fait l’utilisateur pour lui proposer des contenus susceptibles de lui plaire ou de l’intéresser. En matière d’information, cela s’appelle la « bulle de filtres« , un concept développé par Eli Pariser. La conséquence majeure de ce contenu sur-mesure est un isolement intellectuel : vous tournez en rond en ne faisant que valider vos raisonnements antérieurs grâce aux nouvelles informations auxquelles vous accédez.

Il faut donc aller plus loin : consultez les médias que vous aimez, mais aussi ceux dont vous appréciez moins les contenus. Leurs contenus respectifs présenteront des différences et des ressemblances : elles vous permettront de comprendre ce qui relève de la ligne éditoriale du média et ce qui est tangible ou vraisemblable. Si l’information vous permet de voter, de façonner votre raisonnement et votre rapport au monde : informez-vous bien, multipliez les sources d’information pour confronter les versions, approfondissez les sujets qui vous semblent importants, et surtout ne vous contentez pas d’une tambouille prémâchée qui conforte simplement votre opinion préexistante.

N’ayez pas d’avis sur tout

Durant la crise générée par la gestion politique du Covid, nous avons découvert avec surprise et joie que la France ne comptait pas moins de 70 millions de virologues professionnels. Plus sérieusement, on observe -toujours sous l’effet d’internet en général, et des réseaux sociaux en particulier- une tendance nette qu’ont la plupart des gens à exprimer un avis sur à peu près n’importe quel sujet. Mais qui sont ces gens capables d’avoir un avis sur tout, comme s’ils passaient leur vie à s’informer sur tous les sujets dont on parle ?

Freepik.

Je n’ai pas d’avis sur tout. Libres Paroles ne traite pas (encore) d’économie, car je ne pense pas avoir quelque chose à dire sur un sujet que je n’ai jamais étudié et où je sais avoir de sérieuses lacunes. Il ne s’agit pas de se taire systématiquement : personne ne sait tout sur un sujet, certains en savent simplement plus que d’autres. A l’inverse, s’exprimer tout le temps -généralement pour obtenir la validation d’un groupe social ou jouir en agaçant un adversaire derrière son clavier- n’a aucun sens. L’humilité est une valeur cardinale : quand on ne pense pas savoir, on écoute ceux qui ont quelque chose à dire.

Arrêtez l’ultracrépidarianisme : ayez un avis construit sur des sujets que vous maîtrisez correctement, cela vous rendra plus crédible que quelqu’un qui récite des mantras bienséants et en vogue sur des sujets qu’il ne connaît pas. Inutile de citer des exemples de ces mantras bébêtes : chacun les verra où il veut en fonction de ses opinions.

Écrivez

Qu’on aime Éric Zemmour ou pas, on peut difficilement nier qu’il est un adversaire de très haut niveau lors d’un débat. Mais qu’a-t-il de plus que ses opposants ? Deux choses : primo, il a visiblement beaucoup lu, et s’est donc informé ; secundo, il a écrit. La différence est de taille au moment de croiser le fer avec Marlène Schiappa (auteur de quelques bouquins de médiocres), par exemple.

Écrire avec sa main et un stylo (en effectuant le « geste graphomoteur » avec un « outil scripteur« , comme dirait l’Éducation nationale), c’est préciser sa pensée en deux temps. D’abord parce que la pensée est plus rapide que l’écriture : donc, vous avez le temps d’améliorer et de revoir vos termes et vos phrases (terminologie, ordre, syntaxe, références, arguments…) en écrivant. En pensant à un bout de phrase à la fois, vous allez le consolider le temps de l’écrire. Ensuite, vous pouvez lire ce que vous avez écrit une fois que vous avez posé votre stylo.

Face à votre pensée extériorisée et tracée, vous pourrez plus facilement remarquer si des inepties ou des incohérences émaillent votre raisonnement. C’est plus difficile de faire cet exercice à la vitesse de la pensée ; voilà pourquoi l’écriture présente un double avantage considérable pour penser par soi-même.

Confrontez vos avis

Suite logique des trois premiers conseils : quand vous vous êtes informé et que vous avez un avis structuré et réfléchi sur un sujet, discutez-en ! Confrontez votre opinion avec celle de deux types de personnes : celles qui sont d’accord avec vous, et celles qui ne sont pas d’accord avec vous. En somme, Montaigne avait raison : « Il faut voyager pour frotter et limer sa cervelle contre celle d’autrui« . Inutile de réserver un vol Easyjet : ce voyage, c’est le débat, condition indispensable d’une démocratie saine ; une condition qui nous fait cruellement défaut en France par les temps qui courent.

Les personnes qui sont d’accord avec vous exposeront pourtant de temps en temps des argument différents des vôtres. Eh oui : plusieurs chemins peuvent mener à une même conclusion. Vos détracteurs, eux, vous permettront de tester la solidité de votre culture sur un sujet et de votre raisonnement général sur ledit sujet. Ils vous coincent avec un argument ? Vous avez donc trouvé une faiblesse dans votre pensée, sur laquelle vous pourrez vous pencher pour la renforcer… voire même changer d’avis, ce qui n’est pas nécessairement une preuve de faiblesse. En cas de débat tournant à votre avantage (adversaire mauvais, peu cultivé, ou n’ayant pas lu mes deux précédents conseils), vous aurez alors peut-être prêché votre bonne parole.

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De grâce, ne cédez pas à l’anathème et au point Godwin : ne l’utilisez pas gratuitement pour masquer l’inanité de vos propos, et ne vous justifiez pas si on l’emploie à tort contre vous pour vous disqualifier. Riez de l’anathème : le rire, arme symbolique puissante, réduit l’injure à néant.

Dans les deux cas, vous renforcerez et affinerez votre système de pensée et vos arguments. Et si vous manquez de débatteurs, l’exercice rhétorique du dissoï logoï peut se pratiquer tout seul. Le principe ? Prenez un sujet, par exemple la guerre en Ukraine. Trouvez d’abord tous les arguments en faveur de cette guerre. Fouillez, réfléchissez, mettez-vous dans la peau d’un fanboy inconditionnel de Poutine et lancez-vous. Quand vous ne trouvez plus rien, faites l’exercice inverse : imaginez tous les arguments en défaveur de cette guerre. Peu importe que vous soyez pour ou contre, vous forcer votre logique pendant une moitié de l’exercice : c’est le but. Vous serez ainsi mieux préparé pour un débat, et vous aurez étayé votre raisonnement.

Conclusion

Si tous les systèmes totalitaires cherchent à terroriser et à endoctriner l’esprit des citoyens -les jeunes en particulier-, ce n’est pas un hasard : la peur empêche de réfléchir, elle limite votre pensée et vous ramène à des émotions primaires. Il s’agit maintenant de se détacher des réflexes biologiques pour ajouter la culture à l’équation.

Penser par soi-même est l’une des clés pour comprendre et maîtriser davantage le monde et sa propre pensée. Il ne s’agit cependant pas d’une pratique d’ermite retiré : même Zarathoustra est descendu de sa colline pour apporter le fruit de sa réflexion aux hommes. Il faut donc se donner les moyens de penser par soi-même (s’informer et prendre le temps de construire une opinion réfléchie), puis ensuite confronter cette opinion au monde réel.

Et vous, avez-vous d’autres conseils à donner pour résister à la rhétorique de la peur et penser par soi-même ?

Réapproprions-nous le sens des mots !

Il est grand temps d’appeler à nouveau un chat, un chat

Depuis des années, il ne se passe pas une semaine sans que l’actualité nous abreuve de mots dont le sens est distordu, tronqué, ou tout simplement erroné. Le contexte permettant la compréhension des faits est absent lorsqu’il est nécessaire, et présent lorsqu’il n’apporte rien. Résultat : en l’absence de mots adéquats, il devient difficile de penser le monde réel dans un cadre précis.

(c) Depositphotos

Élection présidentielle, tensions sociales et civilisationnelles, politiquement correct, bassesses et grandeurs de l’Homme : il vous devient presque impossible de faire du monde un objet de réflexion quotidienne ou philosophique. Ne pensez pas, répétez des formules creuses et prémâchées. Les « éléments de langage » ont remplacé la pensée subtile et nuancée, le « buzz » remplace le fait, les invectives remplacent le débat, les oxymores pullulent, les contradictions pleuvent sur votre esprit embrumé par l’enchaînement des informations. Votre attention, déjà vampirisée par les GAFAM [1], se rend. Inutile d’essayer : votre cerveau n’a plus le temps. Il faudrait penser une quantité d’informations jamais connue dans l’histoire de l’humanité : c’est trop pour un seul être humain, fût-il le plus grand des génies.

Notre époque nous donne à observer une disruption (cassure) gigantesque de la langue française. Ces travestissements linguistiques, ce mésusage permanent du signifié et du signifiant des mots nous privent de la plus formidable liberté : celle de penser. Et nous nous faisons avoir, trop las pour nous battre, déjà privés de nos armes par une école qui devient davantage une fabrique du crétin qu’un lieu où l’on forme des citoyens éclairés [2].

Mots : la disruption permanente

Récemment, Mathieu Kassovitz, parti inaugurer une fresque en Ukraine, y faisait l’apologie des Ukrainiens « nationalistes » qui se battent contre les Russes [3]. Des propos qui ont fait hausser des sourcils, le même Kassovitz ne ratant pas une occasion de fustiger le présumé nationalisme des Français inquiets de l’immigration massive, qu’il assimile à du « racisme » [4]. Il suffit de s’intéresser au discours du cinéaste pour comprendre qu’il est contre les frontières, mythifie la figure de l’Autre, et présente depuis longtemps son désir d’un métissage total en France comme un avenir inéluctable et un passé tangible [5]. On comprend mieux la rhétorique kassovitzienne lorsquon observe le fond des propos : c’est une opinion.

D’autres exemples ? Un suspect « connu des services de police » ? Un euphémisme pour désigner un délinquant/criminel multirécidiviste. On passe de l’idée d’une connaissance (« Salut Michel !« ) à celle, plus précise, d’un individu dont les choix systématiques ou réguliers nuisent à la société dans son ensemble. Quelqu’un tient des propos osés ? On le qualifiera différemment selon son bord politique : « sulfureux » ou « polémique » s’il est de droite, « engagé » s’il est de gauche. Qualifier pour disqualifier ou pour valider : c’est qu’il faut vous apprendre à penser correctement ! Un « coup de couteau à la gorge » ? C’est une tentative de meurtre par égorgement, technique primitive et brutale d’importation récente. En appelant précisément les choses, on saisit l’extrême violence de celui qui tente de tuer -qu’il saisisse la gravité de son geste ou non. Les « tensions » à Sevran étaient en fait des émeutes, voire des actes de sédition (j’en parlais ici).

Dans ce dernier exemple, il faut pour parler de « sédition » comprendre non seulement le sens de ce mot, mais aussi le contexte.

Livre pour enfants « La belle lisse poire du prince de Motordu ». Heureusement, le prince rencontre la princesse des écoles à la fin !

Antiracisme, antifascisme, féminisme, sexualité : la connaissance du contexte, élément clé

Le contexte des mots les éclaire bien souvent. Encore faut-il le connaître. Vous connaissez les antiracistes ? En théorie, ce sont des personnes qui luttent contre « l’idéologie fondée sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les groupes humains, autrefois appelés « races » et le comportement qui découle de cette idéologie » (Larousse). Aujourd’hui, les antiracistes autoproclamés comportent parmi eux les pires des racistes. Comment qualifier autrement une personne dont les réflexions s’opèrent entièrement à partir d’une distinction effectuée selon la couleur de peau ? Certains amateurs de justice sociale façon BLM ou antifas ont décidé que la couleur de la peau vous astreint à un comportement qu’ils définissent : un Noir doit être une « victime« , un Blanc un « oppresseur« , le mâle Asiatique doit être victimisé en raison de l’imaginaire peu viril que certains s’en font. À les écouter, on ne doit plus rien au mérite, aux idées, aux choix. Exit votre liberté et votre responsabilité ! Tout est couleur de peau. Celle-ci définit votre place dans la société, ce que vous devez dire, faire, et penser. Ce n’est pas de l’antiracisme : c’est du racisme pur et simple. Partant, donnons-lui son nom réel. Cela nous armera moralement et intellectuellement pour lutter contre le racisme, ce fléau d’une terrible universalité. Il en est de même pour les « antifascistes », devenus aujourd’hui les champions de l’agression, de l’intimidation, de la censure, du jugement populaire, bref : du fascisme pur et simple.

On parle beaucoup ces temps-ci d’une certaine conception woke et punitive du féminisme. Pourquoi le collectif de Caroline de Haas #NousToutes est-il volubile au moindre soupçon d’agression de la part d’un « mâle blanc », et totalement aveugle, sourd et muet lorsque le suspect a le teint trop hâlé (on pense entre autres aux viols de Cologne) ? L’analyse de ses prises de parole et de ses éléments de langage indique simplement que le collectif en question n’est pas féministe : il est plus probablement anti-hommes occidentaux et est l’un des idiots utiles de la diversité. Beaucoup de soi-disant féministes ne désirent en fait que l’égalité hommes-femmes (impossible) au lieu de revendiquer l’équité (objectif souhaitable que la France atteint relativement bien). Leur lutte contre un prétendu patriarcat -en réalité une chimère agonisante- ne se comprend qu’en synthétisant l’ensemble de leurs actions. Caroline de Haas, l’une de ses fondatrices, est ainsi passée maître dans l’art de créer des problèmes (harcèlements moraux et sexuels par exemple) pour vendre ensuite des formations… dédiées à la lutte contre ces mêmes harcèlements [6] ! Est-ce là du féminisme, ou du business moralement douteux ?

A contrario, le collectif féministe Némésis (qui pointe du doigt l’important contingent d’agresseurs issus de l’immigration pendant des manifestations) n’est pas que féministe ; il est identitaire et nationaliste. Son combat ne se comprend qu’à la lumière de cette connaissance (facile à obtenir, puisque c’est indiqué sur leur site). Leur irruption dans des défilés féministes dirigés contre les mâles blancs (ceux qui s’excusent platement ; pas les autres mâles, qu’elles redoutent) montre leur volonté de témoigner de la cécité partielle d’autres mouvements dits féministes. Bien sûr, tout ce petit monde est prêt à filmer et diffuser le moindre dérapage de l’autre camp pour étayer son point de vue auprès de l’opinion publique.

Un dernier exemple nous est fourni par le sacro-saint combat LGBTQIIAAHJDHOCNOHZHDIO+-. Vous avez juste affaire dans la majeure partie des cas à des personnes instables, en mal de reconnaissance, et geignardes. Des adultes qui voient l’État comme l’enfant voit ses parents : une autorité capable de lui donner raison et de satisfaire ses moindres caprices. Leur rhétorique se mord la queue, leurs arguments sont contradictoires. Réalisez l’incurie de la pensée de certains : dans « LGBT », le « B » signifie « bisexuel » (sous-entendu, il y a deux sexes) ; les mêmes nous expliquent aujourd’hui qu’il y a des dizaines de genres… Parle-t-on de Pokemon ou de souffrance ? Ne vous laissez pas enfumer par le jargon pseudo-scientifique qu’ils utilisent. Ces gens refusent de s’adapter au monde et demandent au monde de s’adapter à eux : c’est impossible. Ce faisant, ils occultent des personnes (sans doute une infime minorité, mais une minorité existante) qui souffrent réellement d’une dysphorie de genre et se voient représentés par des imbéciles se définissant comme « ours non-binaire poilu lesbienne gender fluid ».

La liste est interminable : en fait de « débat » (Larousse : « Discussion, souvent organisée, autour d’un thème« ), nous assistons davantage ces jours-ci à une foire d’empoigne dans laquelle les candidats sont dénués de la moindre considération pour leur adversaire et pour les Français. Emmanuel Macron, qui esquive le débat, montre ainsi implicitement qu’il sait la puissance des mots (il a peu d’arguments et beaucoup d’éléments de langage ciblant des catégories précises) et la force du contexte (son quinquennat déplorable le rend vulnérable).

Conclusion : réapproprions-nous le réel !

Cette disruption permanente des mots, ce camouflage du contexte, cette quantité considérable d’informations à traiter concourent à modeler notre façon de penser le monde, de nos conversations amicales au bulletin de vote que nous glisserons (peut-être) dans l’urne pour l’élection présidentielle. Vos représentations du réel sont biaisées par des gens parfois intelligents et éduqués qui tentent de nous manipuler, souvent par des égoïstes ne servant que leurs petits intérêts. Or, ce sont ces représentations mentales qui façonnent nos amitiés et inimitiés, nos accords et désaccords, nos grandeurs et nos bassesses. Être un fasciste serait acceptable si vous êtes de gauche et que des médias vous appellent « antifascistes » ? Allons donc !

Redonnons leur sens réel aux mots, et ajoutons-y une acception particulière liée à notre personnalité ; mais partageons tous une base linguistique et des connaissances communes pour penser le monde à l’aide d’un code compréhensible par tous !

Dans cet article, j’ai donné des exemples : peu importe que vous soyez d’accord avec moi et avec ma grille de lecture ; soyez en désaccord, justement ! Mais de grâce, pensez votre désaccord, prenez le temps d’apprécier ou de fustiger les mots que j’ai écrits et la pensée que j’ai formulée, développez vos propres exemples et arguments, entraînez votre pensée ! Alors, la pire chose qui pourrait nous arriver serait de débattre de nos conceptions grâce à un langage commun. Heureusement, nous sommes encore nombreux à le faire.

[1] https://www.causeur.fr/la-guerre-de-l-attention-yves-marry-et-florent-souillot-229494

[2] https://www.babelio.com/livres/Brighelli-La-Fabrique-du-Cretin–La-mort-programmee-de-lec/13338

[3] https://www.huffingtonpost.fr/entry/mathieu-kassovitz-et-le-photographe-jr-en-soutien-a-lukraine_fr_622f65b9e4b0d1329e88ab88

[4] https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/cinema/mathieu-kassovitz-les-racistes-ont-perdu-leur-combat-04-08-2020-8363109.php

[5] https://www.msn.com/fr-fr/divertissement/celebrites/nous-sommes-m%C3%A9tiss%C3%A9s-de-souche-le-message-de-mathieu-kassovitz-%C3%A0-eric-zemmour/ar-AARTllx

[6] https://www.causeur.fr/caroline-de-haas-feminisme-gouvernement-violences-sexuelles-171247

« Notre-Dame brûle » : la foi à l’épreuve du feu

Pour son 15ème long-métrage, le réalisateur Jean-Jacques Annaud nous offre un film impressionnant et réaliste. La reconstitution heure par heure du terrible incendie du 15 avril 2019 est d’autant plus prenante qu’elle aborde en creux un sujet marquant : celui de la foi catholique mourante, dont les monuments sacrés sont relégués au rang de manne touristique lucrative.

Lundi 15 avril 2019, 18 h 17. L’alarme incendie de Notre-Dame se déclenche. Le chef de la sécurité, dont c’est le premier jour de poste, signale immédiatement l’alerte. La messe en cours est suspendue au grand agacement du prêtre officiant, habitué aux dysfonctionnements de la détection incendie ; les touristes sont évacués. Un vigile -asthmatique- monte examiner la charpente, mais ne trouve rien. Il n’a pas vu ce qu’une caméra a montré au spectateur : la cigarette allumée, poussée par le vent dans la charpente en bois, et dont la fumée a activé le détecteur incendie.

Les touristes sont alors invités à revenir dans l’édifice. Ils sont partout : la scène inaugurale suit d’ailleurs des guides présentant en différentes langues Notre-Dame à leurs ouailles en goguette. Elle témoigne assez finement de l’immense symbole qu’est la cathédrale, et montre simultanément l’intense activité touristique qu’elle génère, les visiteurs étant nettement plus nombreux que les fidèles assistant à la messe.

Lorsque l’alarme se répète, le vigile retourne examiner la charpente, et ne constate toujours rien d’anormal. Ses propos sur les nombreux dysfonctionnements du système anti-incendie qui n’ont pas été pris en considération donnent un écho terrible au rapport de Paolo Vannucci commandé par Manuel Valls en 2016, qui concluait à la nécessité de remédier à la quasi-inexistence de systèmes de protection de la toiture contre l’embrasement… mais ne fut pas utilisé à l’époque. Lorsque le vigile referme la porte, les fumées montent déjà dans le ciel derrière lui -et les passants commencent à prendre des photos.

Un hymne aux pompiers ?

Finalement alertés par des signalements téléphoniques, les pompiers de Paris partent en mission. Ils deviennent alors les principaux protagonistes du film, luttant pour sauver Notre-Dame des flammes pendant plusieurs heures, parfois malgré elle, dont la structure et l’exigüité de certains accès gênent leur progression. On se prend à enrager contre tous les éléments qui ralentissent leur avancée : embouteillages et foules compactes, gouttes de plomb fondu trouant les lances anti-incendie, méconnaissance du vocabulaire spécialisé et du lieu qui ralentit leur recherche des saintes reliques, absence du régisseur qui a accès à des clés utiles, etc. Lucide, le général Gallet comprend que l’impact de l’incendie va avoir des répercussions politiques : « Ca va débarquer de partout : les officiels, les politiques, les célébrités. On va avoir deux feux à gérer« .

Extrêmement bien documenté, le film évite l’écueil facile de transformer les soldats du feu en héros extraordinaires dotés de caractéristiques morales surhumaines. Il nous donne à voir leur courage professionnel quotidien, eux qui réalisent en même temps que les témoins la gravité de la situation. Leur esprit d’entraide et leur code moral prennent alors tout leur sens, leur permettant de se secourir les uns les autres tout en surmontant leurs différences pour affronter un ennemi supérieur. Une scène marquante montre d’ailleurs un désaccord entre un pompier et son officier, qui ne prend pas en compte son avis. Le premier ironise en lançant au second que lui « n’a pas la chance d’avoir des parents riches ni d’avoir fait une école d’officiers« . Plus tard, l’officier écoutera cette fois le conseil de son subordonné, qui a identifié un foyer susceptible d’être circonscrit. En envoyant une équipe, ils parviendront à éteindre l’incendie après 15 heures de lutte, ensemble dans le brasier.

Finalement, le film n’est pas un hymne aux pompiers ; il montre des pompiers qui sont eux un hymne au courage, à l’entraide, et à l’abnégation. Ils luttent contre l’ennemi qu’ils ont choisi en embrassant cette carrière.

Un « ennemi charismatique« 

Cet ennemi, c’est le feu, « le plus charismatique des méchants« , dixit Jean-Jacques Annaud. On ne peut que lui donner raison, tant les pluies d’étincelles, l’enfer du brasier, les effondrements enflammés et la perfidie des flammes constituent des éléments cinématographiques extrêmement impressionnants visuellement.

Le feu colore certaines scènes de façon infernale -la tentative d’identification infructueuse du foyer principal de l’incendie par exemple-, et en nimbe d’autres d’un halo quasi-surréaliste, donnant une dimension mystique à la recherche de la couronne d’épines du Christ. Sa violence en fait l’antagoniste principal du film, projetant les pompiers sur plusieurs mètres lorsque le plafond de la nef s’effondre. En prenant le parti de privilégier plutôt des plans fixes travaillés à la caméra à l’épaule, Annaud donne à voir des tableaux spectaculaires qui donnent au film sa véritable dimension cinématographique et visuelle.

Le feu incarne ici le Mal immatériel qui sourd partout et hurle même férocement ; par moments, le spectateur devient le témoin de la lutte entre Satan et Dieu, représentés respectivement par les flammes et Notre-Dame. Seule la véracité des faits présentés lui rappelle que ce qu’il voit a bien eu lieu.

La dernière bataille contre l’incendie, scène marquante

L’ultime tentative des pompiers sera la bonne. Alors que l’un d’eux -le seul pompier resté sec, donc capable de s’aventurer au plus près du feu- lutte contre le foyer proche du bourdon pour éviter l’effondrement de la cloche colossale, celui qui a permis d’entreprendre cette dernière bataille entend les chants d’espoir venus de la foule.

Cette scène, qui utilise des images d’archive, nous rappelle avec émotion que la foi s’est trouvée magnifiée ce 15 avril, alors que des Chrétiens se sont mis spontanément à entonner en foule le « Je vous salue Marie » et d’autres prières. L’incendie avait ce soir-là redonné de la ferveur aux croyants d’une religion que l’on enterre parfois trop vite, et dont la vitalité s’était alors manifestée avec beauté et émotion. Aidé par un montage remarquable et efficace, le réalisateur choisit ici d’entremêler les images de fidèles chantant et celles de la bataille de la dernière chance contre le feu. Les chants sacrés sont transfigurés, et cette catharsis spontanée devient l’outil indispensable de l’ultime exorcisme qui permet la victoire des pompiers.

Émouvant sans le vouloir, impressionnant à dessein, le film donne matière à une réflexion sur l’état de la foi catholique, parfois plus vivante qu’il n’y paraît, mais menacée par des hérésies modernes comme le matérialisme, l’économie, ou la perte de transcendance. Avec « Notre-Dame brûle », Jean-Jacques Annaud montre encore une fois sa formidable maîtrise de son art et son talent unique de cinéaste régulièrement capable d’utiliser le réel pour le dépasser et édifier le spectateur. A voir absolument !

Pensées de Paris

Publicités, Covid, appropriation culturelle : de retour de Paris où j’ai donné un cours, quelques observations sur le vif…

Photo : Libres Paroles

Une publicité singulière

Arrivée gare Montparnasse. Sur un écran (on ne sait s’en passer désormais), une publicité pour une banque claironne « La singularité, c’est s’affranchir de la pesanteur des conventions« . Immédiatement après s’affiche le logo de la banque accompagné d’un gigantesque… QR Code ! En ces temps d’étiquetage massif de la population au moyen de ce code-barres smartphonesque, on a vu plus singulier.

Le militaire masqué

Dans la gare, un militaire déambule, fusil automatique au poing (probablement un Famas) , canon vers le bas. Cette image guerrière d’un soldat fort et armé est contrebalancée par la présence d’un masque sur son visage, qui lui donne l’air d’un vieillard hypocondriaque ou cacochyme. Je sais bien que c’est obligatoire -il doit faire partie d’un public très vulnérable au Covid-, mais l’alliance des symboles de la force et de la peur produisent un effet des plus saisissants.

Le consumérisme de la peur

Sur un écran (!), une autre publicité pour un produit d’hygiène ou sanitaire par une marque connue : « Votre nouvel allié dans votre routine contre le Covid-19« . Le pouvoir des mots est important : cette marque entérine une « routine« , comme si toute cette situation politique (pas sanitaire, politique) était normale et anodine. Comme si la peur d’un virus faisait partie d’un quotidien que personne ne songe plus à remettre en cause. La peur fait vendre, c’est bien connu ; peu importe que ce soit du PQ ou une crème. Quoiqu’il arrive, il y a toujours quelque chose à vendre pour les malins. Quitte à mobiliser la peur comme levier. L’argent, cet opium du peuple !

Les vêtements : tous pour un !

En sortant du train, je suis pris dans un flot dense de personnes marchant vers le bout du quai. L’attroupement moutonnier est en partie dû à ces barrières stupides que la SNCF aime à poser pour baliser la marche un peu partout. Perdu au milieu de mes semblables, je constate l’ironie des tenues vestimentaires. Après des décennies à nous matraquer que nos vêtements et notre style nous définissent et nous singularisent, le constat est sans appel : il y a environ 5 archétypes de looks féminins et le même nombre pour les hommes. De la chipie aux cheveux tirés et attachés singeant l’aisance financière façon Instagram au bobo baba-cool, de l’employé en costume au tout-survêtement, en passant par la mode -passablement informe- des adolescentes avec manteau cheap à effet mouton, nous sommes tous des stéréotypes. Personne ne se distingue, surtout moi.

Les nourritures traditionnelles

Nouvelle publicité, sur un panneau 4 x 3 le long du quai du métro cette fois. Une marque de nourriture surgelée vous vend « L’Asie dans votre assiette« . Mais alors, est-ce de l’appropriation culturelle ou pas ? Blague à part, il est amusant de constater qu’à l’heure où beaucoup de cultures se fondent dans une mondialisation uniforme, les folklores et traditions locaux d’antan sont maintenus (de plus en plus artificiellement) en vie par plusieurs marques, qui vous vendent une dose d’exotisme low cost à chaque bouchée avec des produits industriels surgelés.