Coupe du Monde au Qatar : le bon côté des choses

Haro sur le boycott : la 22ème édition de la grand-messe du football mondialisé pourrait nous enseigner quelques leçons fondamentales… Qui l’eût cru ?

Logo de la Coupe du monde de football 2022.

Cela n’aura échappé à personne : la Coupe du monde de football 2022 n’avait pas encore débuté qu’elle faisait l’objet de nombreuses polémiques. Les annonces de boycott se sont multipliées, et les indignés de tout poil sont d’accord sur un point : nos valeurs ne sont pas à vendre pour quelques pétrodollars et un ballon.

Les critiques visant le petit émirat ne sont pas surprenantes : elles se multiplient depuis que Doha a obtenu l’organisation de cette Coupe du monde il y a 12 ans. Ce qui étonne, en revanche, c’est la façon dont les buzz se muent de façon insoupçonnée en véritables leçons de réalisme et de lucidité.

Nous avons encore des valeurs

D’abord, l’État, via certaines municipalités, retrouve quelque peu le sens de la responsabilité. En effet, plusieurs villes françaises ont décidé de se joindre au boycott : pas d’écran géant ni de fanzones dans les lieux publics. Une bonne nouvelle pour les comptes publics, qui devraient servir à des choses plus urgentes que la diffusion de matchs de football ou la création de bars éphémères.

Nous assistons aussi subitement à l’émergence de valeurs qu’on croyait relatives ou disparues, et qui l’emportent même sur la fête et la jouissance permanentes. Nous n’allons pas encore jusqu’à nous battre pour elles et à les sanctuariser au quotidien, mais c’est un bon début. Le quasi-esclavage des ouvriers morts durant la construction des stades, le gâchis écologique, la compromission des valeurs universalistes nous heurtent, prouvant ainsi qu’il est encore possible de s’extirper de l’état léthargique et hédoniste qui est celui habituel d’Homo festivus pour défendre un idéal plus grand.

L’affaire du brassard LGBT que ne portera pas Hugo Lloris est emblématique de ce réveil : un grand nombre d’internautes ont soudainement érigé la tolérance et l’universalisme en vertus cardinales avec lesquelles on ne peut pas transiger. Personne n’a été dupe des propos du gardien de l’équipe de France, lorsqu’il affirme qu’on demande simplement aux joueurs de « jouer au football« . Si le football FIFA n’était qu’un sport détaché de la politique, il n’y aurait ni drapeaux de l’Ukraine lors des retransmissions de matchs, ni genoux au sol en signe d’allégeance à Black Lives Matter. Du coup, Lloris a défendu sa compromission position en invoquant… le respect des lois et moeurs du pays hôte. Intéressant !

Nous savons encore réfléchir…

On n’y croyait plus : les occidentaux connaissent toujours l’importance de l’intégration et du respect des coutumes d’un pays qui vous accueille ! Nous, les champions des accommodements déraisonnables et de la compromission douteuse lorsqu’il s’agit de faire respecter nos moeurs et appliquer nos lois par des étrangers, sommes devenus des thuriféraires de l’intégration lorsque nous nous rendons dans d’autres pays.

Sur BFM TV, dans les fils de discussion Facebook, on peut lire des propos affirmant que « nous devons respecter leur culture et les règles qu’ils établissent« , ou que « personne ne trouve à redire par respect aux règles d’hospitalité en premier et aux lois imposées par chaque pays » (sic). Les commentaires et témoignages abondent, qui vont dans le sens d’un réveil salutaire ! Prochaine étape : l’appliquer chez nous.

Capture d’écran Facebook.

Enfin, on profite de cette Coupe du monde pour démasquer l’imposture de l’appropriation culturelle ! Lorsque le président de la FIFA Gianni Infantino donne une conférence de presse surréaliste où il explique se sentir « gay« , « migrant« , « arabe« , personne n’a moufté. Il a bien été accusé de « pink washing« , mais c’est à peu près tout.

On peut en tirer une leçon : nous n’aimons l’appropriation culturelle que lorsqu’il s’agit de battre notre coulpe. Son but réel est d’affaiblir la civilisation occidentale, puisqu’elle disparaît lorsqu’elle vise à défendre l’indéfendable venant de l’Autre. Nous sommes à deux doigts de comprendre l’ampleur de cette arnaque rhétorique, et c’est là aussi une bonne nouvelle !

… mais notre Dieu est un tyran

La dernière leçon est très importante, puisqu’elle concerne notre misérable religion, centrée autour du Dieu Argent. L’argent explique plusieurs choses : la relativisation de certaines pseudo-valeurs, l’hémiplégie de la pensée (je ne dénonce pas quand il est question de gros sous), les compromissions, la rhétorique biscornue, la cécité écologique (on râle mais on y va et on diffuse les matchs quand même), etc.

Soyons honnêtes : je comprends le mépris du Qatar et d’une partie du monde musulman à l’endroit des Occidentaux lorsque je vois notre façon d’agir dès lors qu’il y a de l’argent à gagner. Les revirements et mensonges de l’émirat fonctionnent, car ils sont de puissants investisseurs dans nos pays et graissent la patte de notre personnel politique (lire l’édifiant livre « Nos très chers émirs » des journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot). Ils font trop aisément pardonner leurs manquements en signant quelques chèques. Je comprends l’absence de respect pour une civilisation dont la dignité, la fierté et les valeurs s’achètent.

Espérons maintenant que nous saurons retenir ces leçons et appliquer ces enseignements hors du festival économico-festif qu’est la Coupe du monde !

Démocratie par la peur : quelques pistes pour résister intellectuellement

« Celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes« : Macron, Poutine et consorts ont bien assimilé cette maxime de Machiavel. Heureusement, il reste au citoyen des pistes pour résister et construire sa pensée.

Le Voyageur contemplant une mer de nuages, tableau de Caspar David Friedrich.

Gilets jaunes : 353 personnes blessées (dont 30 éborgnées), une répression digne d’un printemps arabe raté, la population choquée. Covid : décompte macabre du nombre de morts, privation de libertés au nom de la responsabilité (avec des arguments du type « vous pouvez tuer des gens en sortant de chez vous« ), flicage mutuel des citoyens entre eux, ambiance de trouille et de délation (lire notre article en trois parties sur le sujet). Rentrée 2022 : « fin de l’abondance et de l’insouciance » -c’est vrai qu’on se marrait tous les jours jusqu’ici-, crise énergétique. Et toujours, les pénuries de PQ.

Pendant ce temps, Xi Jinping assoit sa domination sur 1,4 milliard de Chinois et Vladimir Poutine, isolé, agite la menace de l’utilisation d’armes nucléaires dans sa guerre express ratée en Ukraine. Les mollahs répriment durement les manifestations en Iran. Votez pour moi, sinon c’est la guerre civile ! Ne vous mettez pas en travers de mon chemin, ou j’appuie sur le bouton rouge ! Attention, je vais frapper ! Entendez-vous le bruit des bottes ? La rhétorique de la peur s’empare à nouveau d’une bonne partie du monde, incluant le sacro-saint cénacle de la démocratie occidentale.

Les hommes méritent leur tyran : La Boétie l’avait compris il y a longtemps. Mais que peuvent faire les citoyens qui refusent ce jeu de la terreur et tiennent à garder le contrôle de leur âme, de leur raisonnement, et leur intégrité morale et intellectuelle ? Voici quelques pistes, que je pratique franchement, en tentant d’éviter les excès. L’objectif : retrouver une certaine indépendance comportementale et d’idées quand votre environnement tente de vous ramener à vos peurs ataviques.

Informez-vous

Premier conseil : informez-vous ! Encore faut-il définir ce que signifie s’informer. Informer, cela vaut dire aller à la recherche de l’information, et rassembler des informations sur un même sujet. Oui, les réseaux sociaux et les pure players sont utiles pour avoir un résumé des faits. Mais Facebook, LinkedIn, YouTube, etc. fonctionnent grâce à des algorithmes qui détectent ce que fait l’utilisateur pour lui proposer des contenus susceptibles de lui plaire ou de l’intéresser. En matière d’information, cela s’appelle la « bulle de filtres« , un concept développé par Eli Pariser. La conséquence majeure de ce contenu sur-mesure est un isolement intellectuel : vous tournez en rond en ne faisant que valider vos raisonnements antérieurs grâce aux nouvelles informations auxquelles vous accédez.

Il faut donc aller plus loin : consultez les médias que vous aimez, mais aussi ceux dont vous appréciez moins les contenus. Leurs contenus respectifs présenteront des différences et des ressemblances : elles vous permettront de comprendre ce qui relève de la ligne éditoriale du média et ce qui est tangible ou vraisemblable. Si l’information vous permet de voter, de façonner votre raisonnement et votre rapport au monde : informez-vous bien, multipliez les sources d’information pour confronter les versions, approfondissez les sujets qui vous semblent importants, et surtout ne vous contentez pas d’une tambouille prémâchée qui conforte simplement votre opinion préexistante.

N’ayez pas d’avis sur tout

Durant la crise générée par la gestion politique du Covid, nous avons découvert avec surprise et joie que la France ne comptait pas moins de 70 millions de virologues professionnels. Plus sérieusement, on observe -toujours sous l’effet d’internet en général, et des réseaux sociaux en particulier- une tendance nette qu’ont la plupart des gens à exprimer un avis sur à peu près n’importe quel sujet. Mais qui sont ces gens capables d’avoir un avis sur tout, comme s’ils passaient leur vie à s’informer sur tous les sujets dont on parle ?

Freepik.

Je n’ai pas d’avis sur tout. Libres Paroles ne traite pas (encore) d’économie, car je ne pense pas avoir quelque chose à dire sur un sujet que je n’ai jamais étudié et où je sais avoir de sérieuses lacunes. Il ne s’agit pas de se taire systématiquement : personne ne sait tout sur un sujet, certains en savent simplement plus que d’autres. A l’inverse, s’exprimer tout le temps -généralement pour obtenir la validation d’un groupe social ou jouir en agaçant un adversaire derrière son clavier- n’a aucun sens. L’humilité est une valeur cardinale : quand on ne pense pas savoir, on écoute ceux qui ont quelque chose à dire.

Arrêtez l’ultracrépidarianisme : ayez un avis construit sur des sujets que vous maîtrisez correctement, cela vous rendra plus crédible que quelqu’un qui récite des mantras bienséants et en vogue sur des sujets qu’il ne connaît pas. Inutile de citer des exemples de ces mantras bébêtes : chacun les verra où il veut en fonction de ses opinions.

Écrivez

Qu’on aime Éric Zemmour ou pas, on peut difficilement nier qu’il est un adversaire de très haut niveau lors d’un débat. Mais qu’a-t-il de plus que ses opposants ? Deux choses : primo, il a visiblement beaucoup lu, et s’est donc informé ; secundo, il a écrit. La différence est de taille au moment de croiser le fer avec Marlène Schiappa (auteur de quelques bouquins de médiocres), par exemple.

Écrire avec sa main et un stylo (en effectuant le « geste graphomoteur » avec un « outil scripteur« , comme dirait l’Éducation nationale), c’est préciser sa pensée en deux temps. D’abord parce que la pensée est plus rapide que l’écriture : donc, vous avez le temps d’améliorer et de revoir vos termes et vos phrases (terminologie, ordre, syntaxe, références, arguments…) en écrivant. En pensant à un bout de phrase à la fois, vous allez le consolider le temps de l’écrire. Ensuite, vous pouvez lire ce que vous avez écrit une fois que vous avez posé votre stylo.

Face à votre pensée extériorisée et tracée, vous pourrez plus facilement remarquer si des inepties ou des incohérences émaillent votre raisonnement. C’est plus difficile de faire cet exercice à la vitesse de la pensée ; voilà pourquoi l’écriture présente un double avantage considérable pour penser par soi-même.

Confrontez vos avis

Suite logique des trois premiers conseils : quand vous vous êtes informé et que vous avez un avis structuré et réfléchi sur un sujet, discutez-en ! Confrontez votre opinion avec celle de deux types de personnes : celles qui sont d’accord avec vous, et celles qui ne sont pas d’accord avec vous. En somme, Montaigne avait raison : « Il faut voyager pour frotter et limer sa cervelle contre celle d’autrui« . Inutile de réserver un vol Easyjet : ce voyage, c’est le débat, condition indispensable d’une démocratie saine ; une condition qui nous fait cruellement défaut en France par les temps qui courent.

Les personnes qui sont d’accord avec vous exposeront pourtant de temps en temps des argument différents des vôtres. Eh oui : plusieurs chemins peuvent mener à une même conclusion. Vos détracteurs, eux, vous permettront de tester la solidité de votre culture sur un sujet et de votre raisonnement général sur ledit sujet. Ils vous coincent avec un argument ? Vous avez donc trouvé une faiblesse dans votre pensée, sur laquelle vous pourrez vous pencher pour la renforcer… voire même changer d’avis, ce qui n’est pas nécessairement une preuve de faiblesse. En cas de débat tournant à votre avantage (adversaire mauvais, peu cultivé, ou n’ayant pas lu mes deux précédents conseils), vous aurez alors peut-être prêché votre bonne parole.

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De grâce, ne cédez pas à l’anathème et au point Godwin : ne l’utilisez pas gratuitement pour masquer l’inanité de vos propos, et ne vous justifiez pas si on l’emploie à tort contre vous pour vous disqualifier. Riez de l’anathème : le rire, arme symbolique puissante, réduit l’injure à néant.

Dans les deux cas, vous renforcerez et affinerez votre système de pensée et vos arguments. Et si vous manquez de débatteurs, l’exercice rhétorique du dissoï logoï peut se pratiquer tout seul. Le principe ? Prenez un sujet, par exemple la guerre en Ukraine. Trouvez d’abord tous les arguments en faveur de cette guerre. Fouillez, réfléchissez, mettez-vous dans la peau d’un fanboy inconditionnel de Poutine et lancez-vous. Quand vous ne trouvez plus rien, faites l’exercice inverse : imaginez tous les arguments en défaveur de cette guerre. Peu importe que vous soyez pour ou contre, vous forcer votre logique pendant une moitié de l’exercice : c’est le but. Vous serez ainsi mieux préparé pour un débat, et vous aurez étayé votre raisonnement.

Conclusion

Si tous les systèmes totalitaires cherchent à terroriser et à endoctriner l’esprit des citoyens -les jeunes en particulier-, ce n’est pas un hasard : la peur empêche de réfléchir, elle limite votre pensée et vous ramène à des émotions primaires. Il s’agit maintenant de se détacher des réflexes biologiques pour ajouter la culture à l’équation.

Penser par soi-même est l’une des clés pour comprendre et maîtriser davantage le monde et sa propre pensée. Il ne s’agit cependant pas d’une pratique d’ermite retiré : même Zarathoustra est descendu de sa colline pour apporter le fruit de sa réflexion aux hommes. Il faut donc se donner les moyens de penser par soi-même (s’informer et prendre le temps de construire une opinion réfléchie), puis ensuite confronter cette opinion au monde réel.

Et vous, avez-vous d’autres conseils à donner pour résister à la rhétorique de la peur et penser par soi-même ?

La guerre en Ukraine, c’est mal : merci pour l’info les footeux !

Quelle sera la cause du jour ?

Joueurs du FC Barcelone et de Naples tenant une pancarte « Stop War » avant le match retour de Ligue Europa le 25 février 2022.

Après avoir tergiversé un temps, la FIFA a décidé d’exclure les clubs et l’équipe nationale russes de toutes les compétitions suite à l’invasion de l’Ukraine. Au-delà de cette crise, constatons que le foot mondialisé, pur produit de consommation, épouse toutes les causes validées par le sacro-saint triumvirat médias/politiques/marques. Impossible de se détendre pendant un match désormais, on veille à vous inculquer la vertu honorable. 

La vertu honorable, vous savez, celle qui n’engage à rien… mais qui vous fait appartenir au camp du Bien.

Je le confesse : j’aime encore le football. Je sais que c’est bête, je vois bien que le spectacle grand public dont l’on nous gave n’a plus rien à voir avec une certaine idée de ce sport, mais tant pis. Il me reste encore quelques raisons de suivre la saison : le talent, les plans de jeu, la tension inhérente à certains matchs, l’espoir de buts d’anthologie ou de faits de jeu marquants.

Mais il y a une énorme différence entre le football amateur et sa version mondialisée et commerciale conçue par la FIFA (on en parlait déjà ici). Et cette dernière version commence sérieusement à me courir sur le haricot. Impossible de se détendre : clubs, joueurs et sponsors bavent leur moraline à deux balles par tous les moyens possibles.

La tendance du jour : à bas la guerre !

La grande cause du moment, c’est la guerre en Ukraine. Le mot d’ordre est simple : il faut arrêter la guerre, la guerre c’est mal, à bas la guerre, vive la paix. Comme c’est profond, quelle puissance ! Qu’on ne se méprenne pas sur mon propos : déplorer la violence guerrière est une réaction plutôt naturelle chez moi, même si je sais qu’il y a des guerres malheureusement nécessaires.

Le problème, ce sont les moyens employés : en quoi 22 types en short tenant une pancarte « STOP WAR » avant un match de Ligue Europa vont-ils changer quoi que ce soit ? Que croient faire les diffuseurs du championnat espagnol en insérant un bandeau « Stop invasion » durant les retransmissions ? Ont-ils réellement imaginé que Vladimir Poutine, impressionné par tant de détermination, y réfléchira à deux fois avant de donner libre cours à ses lubies tsaristes ?

BeIn Sports prend tous les risques avec son bandeau « Stop invasion » (capture d’écran YouTube).

BLM, LGBT, racisme, respect…

Ça a commencé quand, cet affichage de vertu indécent et ostentatoire ? On a eu les campagnes « No to racism », les brassards et maillots LGBT, etc. Depuis deux ans, on assiste au spectacle du genou à terre au début de chaque match, diktat Black Lives Matters oblige. Quand je vois les joueurs et l’arbitre s’agenouiller ainsi, je ne peux m’empêcher de penser à des chevaliers se faisant adouber. Sauf que dans ce cas, l’adoubeur n’est pas le monarque, mais les annonceurs, les sponsors et les médias, tous complaisants avec le wokisme.

Si le joueur n’affiche pas la vertu appréciée ou – pire – s’il prétend penser par lui-même, on le rétrograde vertement. Le joueur de Crystal Palace (Premier League) Wilfried Zaha a ainsi été sommé de se justifier médiatiquement parce qu’il avait refusé de poser le genou à terre. Parfois, les contrats de sponsoring sont rompus. Nike a ainsi mis fin à son contrat avec le joueur de Manchester United Mason Greenwood soupçonné de viol… alors que l’enquête était encore en cours d’instruction. Le licenciement expéditif est une réalité dans ce milieu. Le cas récent d’Aleksandar Katai, viré de la franchise américaine des LA Galaxy, en raison des tweets postés par sa femme (plus que douteux, certes), est éloquent : un salarié renvoyé pour quelque chose qu’il n’a pas fait et dont il n’est pas responsable, en voilà une vertu !

Faites ce que je dis, pas ce que je fais

Au-delà de la stérilité de ces manifestations, on pourra discuter des aspects moraux de certaines initiatives. Cet amour dégoulinant ont quelque chose de repoussant ; c’est gênant. Ces gens-là clament des slogans pour s’acheter une vertu et être validés, mais bien peu font ce qu’ils disent.

Lilian Thuram fustige le racisme ? Lui-même s’est vu reprocher par Fabien Barthez une tentative d’exclusion de certaines photos des joueurs blancs de l’Équipe de France…  De nombreux clubs participent à la campagne “Football vs. homophobia” en février ? Pourtant, cela reste un milieu où il est mal vu d’être homosexuel. Le très titré footballeur allemand Philip Lahm, dans une biographie parue il y a un an, conseillait carrément aux joueurs homosexuels de garder le secret parce “qu’il y a encore un manque d’acceptation dans le monde du football”. On vous chante les bienfaits du “respect” ? Il semble pourtant que les footballeurs fournissent régulièrement sur les terrains un contingent conséquent de bagarreurs, tricheurs ou agresseurs… Il y aurait trop d’exemples à donner ici.

Et le respect de la présomption d’innocence ? Et la liberté de penser ? Et l’universalité des causes défendues ? Bref, les acteurs du football FIFA sont des hommes comme les autres : partant, qu’ils arrêtent de nous emmerder avec leurs leçons de morale.

Football inclusif: j’ai fait un rêve…

On pourrait conclure en imaginant un match de football dans cinq ans. Après avoir posé un genou à terre (pour BLM, contre le racisme), des joueurs revêtus d’un maillot arc-en-ciel (pour la propagande LGBT) arborant un clitoris (pour le féminisme) courront masqués (le coronavirus étant toujours dans les parages) derrière un ballon. L’arbitre ne donnera plus de cartons, jugés trop stigmatisants (halte à la nullophobie !) et les défaites seront interdites pour la même raison. À la mi-temps, les joueurs feront une ronde pacifique pour la paix dans le monde. Enfin, des groupes de parole seront organisés en troisième mi-temps dans le vestiaire, pour discuter de leur “vécu”(il est temps de causer masculinité toxique et homophobie).

En fait, la vertu, c’est comme la confiture ; moins on en a, plus on l’étale.

« Casse-Noisette » est raciste ? Vite, des opéras de rap !

La solution à la musique classique, jugée trop raciste

Dernière conquête de la « cancel culture » dans le monde de la musique classique : le célèbre ballet « Casse-Noisette » a été déprogrammé de l’Opéra de Berlin. En cause : son innommable racisme. Heureusement que pour compenser, une bonne partie du rap français peut diffuser ses mélopées d’amour en toute liberté.

Il a répandu le venin du racisme pendant 129 ans dans l’esprit de millions de spectateurs. « Il », c’est le ballet « Casse-Noisette », composé par l’obscur Piotr Tchaïkovski. Les « spectateurs », ce sont ces êtres fragiles incapables de nuance et de recul, qui croient tout ce qu’ils voient. « Selon un podcast du Staatsballett, le public n’est pas encore prêt à bien comprendre ce qu’il voit sur scène […] », rapporte le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung. Les images du Bolchoï (ci-dessus) recèlent en effet une violence raciste poussée à son paroxysme !

Heureusement, l’escouade « woke » -incarnée cette fois par Christiane Theobald, directrice par intérim du Staatsballett- a décidé d’épargner à ces âmes perdues la vision du Mal en puissance en déprogrammant le ballet cet hiver. En cause : l’acte II du ballet, qui montre des chorégraphies typiques de plusieurs nationalités, notamment orientales et asiatiques. « Nous devons nous demander si des éléments de l’époque de la création posent problème« , explique la SJW Theobald.

Mieux que se demander, elle y a répondu, puisque l’œuvre ne sera pas jouée. On voit ici l’abnégation totale des « éveillés », particulièrement vigilants quand il s’agit de musique classique. Ne soyons pas polissons et ne relevons pas leur contradiction à propos de cette musique qui serait un « privilège » d’Asiatiques et en même temps les représenterait de façon raciste. Ils sont fous, ces Asiatiques…

L’Opéra de Berlin a désormais un autre problème à gérer : il y a un trou dans sa programmation. Désireux d’aider les « éveillés » à apporter la lumière dans les ténèbres, nous proposons plusieurs pistes.

Pourquoi pas des ballets de rap ?

On pourrait aller plus loin, et jouer sur la scène des grands opéras des morceaux de rap dans des créations ambitieuses. Cela serait l’occasion de « dé-blanchiser » la musique classique, et d’ailleurs de dé-classiciser ce privilège musical de Blancs. En plus, ça donnerait l’occasion à des jeunes-issus-de-la-diversité de toucher un public inhabituel (bien que raciste et impressionnable).

En effet, le rap est une musique pleine d’amour, et un style regorgeant de talents. Chaque jour en France, de nombreux rappeurs saturent YouTube de leurs créations artistiques de haute volée pour mélomanes exigeants. Oui, il peut parfois s’y trouver quelques propos dérangeants, mais c’est pour faire réfléchir !

Amour et poésie dans le rap français (capture d’écran 20Minutes FR/YouTube).

Quand Nick Conrad chante par exemple « Je tue des bébés blancs, attrapez-les vite et pendez leurs parents, écartelez-les pour passer le temps, divertir les enfants noirs de tout âge petits et grands« , ce n’est pas du racisme pur et dur : c’est une courageuse dénonciation politique. « J’me rappelle étant p’tit, y avait beaucoup de gens qui voulaient pas être Noirs. J’ai entendu comme ça des trucs de torture, dans des films, dans des séquences » (sic), explique M. Conrad, qui précise que « le rap, c’est un style qu’il faut comprendre » (re-sic).

Le public de la musique classique étant visiblement un peu benêt, on espère qu’il élèvera son niveau pour la première de « Casse-Blancs », adaptée de l’œuvre de Nick Conrad. Et se laissera séduire par les élégants mouvements de danseuses professionnelles dont on peut déjà admirer la grâce dans d’innombrables clips de rap.

Comme il en faut pour tous les goûts, on peut imaginer avec exaltation d’autres opéras et ballets : Freeze Corleone (et ses répliques savoureuses, telles « Rien à foutre de la Shoah » ou « J’suis à Dakar, t’es dans ton centre à Sion« ) ou encore la délicate mise en scène adaptée de Lunatic, incluant la poignante tirade « Quand j’vois la France jambes écartées, j’encule sans huile« .

Il faudrait cependant indiquer aux spectateurs crédules qu’il est inutile de craindre pour leur arrière-train en entendant cela : ce n’est que de l’art, rien de plus.

Le « progressisme », ou la régression permanente

Pourquoi il faut toujours écrire systématiquement ce mot avec des guillemets

Dans l’une de ses acceptions, le progrès désigne l’évolution régulière de l’humanité, de la civilisation vers un but idéal. La doctrine qui en découle -le « progressisme »- est aujourd’hui profondément dévoyée. Les activistes qui s’en réclament nous vendent un retour en arrière dangereux, maquillé en avancées sociales prétendument bénéfiques. S’ils gagnent, les conséquences seront terribles.

Le premier « moonwalk » de Michael Jackson.

16 mai 1983 : Michael Jackson effectue pour la première fois sur scène son pas de danse emblématique, le « moonwalk« . L’illusion est grandiose, l’originalité totale : glissant fluidement sur le sol, l’artiste recule en semblant avancer. Le public, stupéfait et impressionné, siffle et applaudit la prestation et le talent de « MJ ».

Quelques décennies plus tard, un autre mouvement -politique et social, celui-là- utilise la recette du moonwalk : le « progressisme ». Ses « artistes » aussi -les « progressistes »- feignent d’avancer, mais reculent sans cesse. La différence avec le roi de la pop, c’est qu’ils n’ont ni talent ni originalité : pour étendre leur domination, ils mobilisent des principes archaïques dont l’humanité a perçu à de nombreuses reprises l’extrême dangerosité dans son histoire. Si prompt à évoquer « les heures les plus sombres » et à pratiquer le reductio ad hitlerum, le « progressisme » est la terrifiante incarnation d’un authentique fascisme moderne.

La discrimination permanente selon la couleur de peau…

Un de ses aspects les plus inquiétants est la remise en cause permanente de l’individualisme (tel que le conçoit la pensée philosophique des Lumières) au profit du groupe social. Pour le dire autrement, les « progressistes » découpent le monde en catégories dans lesquelles ils essayent de faire rentrer tout le monde, leurs alliés comme leurs ennemis. Exit l’existentialisme, le libre arbitre, la responsabilité individuelle : chacun est classé en ami ou ennemi selon sa couleur de peau, son sexe, ou ses préférences sexuelles. En quoi est-ce un progrès ?

Google créant une icône pour indiquer les commerces tenus par des Noirs, bientôt rejoint par d’autres marques (on en avait parlé ici avec ironie) ; la maire de Chicago refusant de parler aux journalistes Blancs ; l’actrice Aïssa Maïga comptant les Noirs aux Césars ; le Canada autorisant le licenciement pour absence d’origine autochtone ; un opéra de Londres ne renouvelant pas leur contrat de travail à des Blancs ; etc. Les exemples, extrêmement inquiétants, sont légion.

La distinction selon la couleur de peau ? C’est la définition exacte du racisme. Cette idée dangereuse a déjà été mise en pratique à de nombreuses reprises par le passé : apartheid en Afrique du Sud, ségrégation aux États-Unis, nazisme, etc. La hiérarchisation des races, théorisée par certains penseurs comme Gobineau et Chamberlain, a permis à certains de justifier pêle-mêle la colonisation, l’esclavagisme, la conquête américaine, la Shoah, etc. En quoi est-ce un progrès ?

… les préférences sexuelles…

Drapeaux LGBT / triangle rose des Nazis pour distinguer les prisonniers homosexuels (montage photo).

Parmi les « progressistes » figurent aussi des lobbys qui réduisent leurs membres à leurs préférences et orientation sexuelles au nom du progrès social et de l’évolution des mœurs. Ayant découpé la sexualité en 52 genres et orientations, ils affectent un drapeau à la plupart d’entre eux. Du déjà vu : les nazis marquaient déjà les homosexuels à l’aide des triangles roses et noirs ; en 1179, le 3e concile de Latran renforce la condamnation de l’homosexualité chez les clercs, vue comme une hérésie ; de nos jours, les homosexuels risquent la peine de mort dans plusieurs pays du monde (voir la carte ILGA ici).

Que l’on soit fier de ne se définir que par sa sexualité ou qu’on le subisse, le résultat est violent et décadent : comment peut-on être réduit à cela ? Pourquoi allumer les braises d’un combat entre personnes ayant des sexualités différentes, si ce n’est pour se sentir dans le camp du Bien et satisfaire son besoin d’appartenance et sa vertu ? En quoi est-ce un progrès ?

… ou le sexe

« La femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente » : cette citation de François Giroud était drôle, jusqu’à ce qu’elle soit mise en pratique par les « progressistes ». Car ceux-ci utilisent aussi votre sexe biologique pour vous assigner à résidence. Dans des sociétés authentiquement patriarcales, régies par des lois primitives, la femme est une éternelle mineure (relire le Coran ou l’Ancien Testament sur ce sujet par exemple).

Aujourd’hui, le « progressisme » discrimine toujours en fonction du sexe, remettant au goût du jour un archaïsme délétère en l’inversant. Le progrès supposé est censé résider dans l’inversion des standards : les femmes sont favorisées au détriment des hommes. Les discours pseudo-féministes stigmatisant les hommes ont pignon sur rue : Pauline Harmange publiant un livre sur la misandrie, cette « fête » ; l’Assemblée nationale entérinant des quotas de femmes dans les directions d’entreprise ; une élue parisienne qualifiant tous les hommes de violeur, tueur, ou agresseur (au choix) ; etc. L’égalité enterrée, la méritocratie abandonnée : en quoi est-ce un progrès ?

Des méthodes dictatoriales éculées

La grande régression consiste à faire passer des avancées sociales bien réelles pour les fruits d’une société sclérosée par mille défauts, et à vouloir réellement revenir en arrière. Les concepts sont tordus à l’extrême pour ériger un système moral et social dangereux, aux fondations bien fragiles, et souffrant de violentes contradictions. Et si vous n’êtes pas d’accord, vous affronterez des militants aux méthodes dictatoriales, c’est-à-dire qui exercent un pouvoir absolu dans leur domaine.

Propagande intensive, censure sociale et médiatique, suppression des instances démocratiques, agressions physiques, lois coercitives : voici une partie de l’arsenal déployé par les « progressistes » pour forcer la marche du monde. En quoi est-ce un progrès ? De Goebbels aux Gardes rouges, de l’Inquisition à l’islamisme, des Grandes purges staliniennes au maccarthysme, l’Histoire retient que le pouvoir de destruction de ces méthodes est supérieur à leurs supposées vertus. Obligez le monde à suivre vos idéaux et vous deviendrez un dictateur.

L’Histoire témoigne aussi que l’aspiration à la liberté est une fleur immarcescible qui croît naturellement dans le coeur des hommes. La flamme de la liberté, du respect, de l’amour de son prochain, de la quête du vrai progrès, peut vaciller souvent, sans jamais s’éteindre. Il faut opposer les lumières de la raison et de l’amour aux ombres de la haine et de l’ignorance, comme toujours. Il faut se battre pour défendre l’égalité, le mérite, le respect, la dignité.

Si nous nous rendons, le « progressisme » tel qu’il s’incarne aujourd’hui fera régresser l’humanité en bégayant indéfiniment les drames de l’histoire. « Celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la revivre » (Karl Marx).