Le jeudi 28 mai, Marlène Schiappa lançait son « plan Angela », destiné à lutter contre le harcèlement de rue. Encore une fois, l’action politique a pour but de réduire ou d’invisibiliser une conséquence d’un fait, sans s’attaquer à ses causes. Le renoncement est devenu sous Macron un acte politique comme les autres.
Rappel des faits
La Secrétaire d’État à l’égalité femmes-hommes est capable du bon comme du mauvais. Si son plan Angela témoigne d’une volonté louable de la part de l’État de prendre en charge la question du harcèlement de rue, les moyens déployés semblent ridicules eu égard aux causes et à l’ampleur du sujet.
Un plan en 6 volets
Parmi les 6 volets de ce plan, l’une des mesures prévues est la « généralisation des arrêts à la demande » pour les femmes. Une autre prévoit la création de « lieux labellisés » dans lesquels les femmes « pourront rentrer » et « se sentir en sécurité », dixit, notre sémillante Secrétaire d’État. Mais si c’est louable comme vous le dites, pourquoi râler contre ces mesures ?, me direz-vous ?
Le plan Angela valide l’insécurité des rues…
La réponse est simple. Ce qui est inquiétant, c’est que vous ne la connaissez pas encore.
Si l’on entérine la création de lieux dédiés à la sécurité des femmes par exemple, on accepte implicitement aussi deux faits qui semblent justement totalement inacceptables. Par ce plan, le gouvernement valide officiellement la vision selon laquelle les femmes ne sont plus en sécurité aujourd’hui dans les rues de France. Il leur faut donc des lieux réservés pour se sentir en sécurité. En France, en 2020, dans le pays des droits de l’homme (oui oui, sans majuscules), cela fait franchement tache. Bientôt une société séparée en fonction des sexes ?
… et entérine l’absence totale de solution à ce problème
Avec « Angela », Mme Schiappa envoie aussi un message clair : jamais ce gouvernement ne s’attaquera aux causes du problème (les harceleurs). Il se contentera d’écoper ce qui déborde. Pas de réparer le trou béant dans la coque du navire France, qui tient depuis des années davantage du rafiot rafistolé que du paquebot de luxe.
Les harceleurs sont en sécurité partout, eux !
Alors oui, ce plan prévoit aussi par exemple la possibilité d’une comparution immédiate pour les harceleurs. Seulement, au vu des décisions de justice rendues pour des cas similaires, on peine à comprendre en quoi cela va changer la vie d’une victime présumée. Qu’il soit officiellement libre maintenant ou dans 6 mois, cela ne change pas grand-chose.
L’autre aspect de ce harcèlement de rue est son augmentation notable : il grimpe en flèche sur tout le territoire. À titre d’exemple, d’après l’officine politique menée par Marlène Schiappa elle -même, 100 % des utilisatrices des transports en commun franciliens ont été victimes au moins une fois dans leur vie de harcèlement sexiste ou agressions. C’est dire l’ampleur de la tâche !
Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire…
Comme d’habitude depuis 2017 et même avant, nos propres élus font leur la doctrine des Singes de la sagesse : « Ne pas voir le Mal, ne pas entendre le Mal, ne rien dire de Mal ». En attendant, quand le renoncement et la bobologie deviennent des moteurs essentiels de l’action politique, le vrai Mal, lui, progresse. Mais ça, Marlène Schiappa l’ignore. Elle a sans doute ainsi l’illusion de faire quelque chose d’utile.